Le gouvernement jordanien n'a pas résisté à la grogne sociale qui dure depuis presque une semaine, en protestation contre les nouvelles taxes et les augmentations des prix de certains produits. Convoqué, hier, par le souverain hachémite, le roi Abdallah II, le Premier ministre jordanien a remis, hier, sa démission, a indiqué une source gouvernementale. "Le Premier ministre Hani al Mulqi a présenté cet après-midi sa démission au roi, qui l'a reçu au palais royal à Amman (...) et l'a acceptée", a indiqué cette source sous le couvert de l'anonymat. Cette démission intervient suite à la contestation populaire contre le projet de loi fiscale du gouvernement qui vise à augmenter les impôts, et la hausse brutale des prix de l'essence et de l'électricité, ont fait sortir les Jordaniens dans les rues depuis plus de 5 jours. Il faut dire que la mobilisation était quotidienne. Des milliers de manifestants se rassemblaient, chaque nuit, dans de nombreuses villes du pays, dont la capitale Amman. Des milliers de personnes se regroupent toutes les nuits à quelques centaines de mètres du bureau du Premier ministre. Des slogans comme : "Ce gouvernement est une honte" ou "Non, non, à la corruption", et "Le gouvernement ne fait qu'obéir aux ordres de l'étranger", étaient repris, dimanche soir, dans ce quartier de la capitale. Ils protestaient contre les mesures décidées par le gouvernement, et réclamaient purement et simplement la démission du gouvernement, auquel ils reprochaient notamment d'être soumis aux institutions financières internationales. Les manifestants reprochent au Premier ministre, entre autres, d'être à la solde des institutions financières internationales, car les mesures d'austérité que cherche à appliquer le gouvernement ont été négociées avec le Fonds monétaire international, en échange de son aide financière. À titre d'exemple, le projet de loi fiscal, présenté sur les recommandations du FMI, prévoyait une augmentation d'au moins 5% des impôts pour les particuliers, et impose les personnes ayant un salaire annuel de 8000 dinars (14 600 $). Les impôts des entreprises allaient être augmentés de 20 à 40%. Le fait que le Premier ministre Hani Mulqi ait rouvert le dialogue avec les syndicats, et qu'une majorité de parlementaires s'est opposée au projet de réforme fiscale du gouvernement, n'a rien changé à la situation. En effet, les deux gestes d'apaisement, du gouvernement et du Parlement, n'ont pas suffi à calmer la contestation. Les manifestants ont dénoncé la perte d'autonomie financière et politique de leur pays. La Jordanie dépend beaucoup de l'aide internationale, et notamment de celle des Etats-Unis. Des manifestants n'ont pas caché leur crainte que cette crise déstabilise le pays. Le roi Abdallah II, qui est un des piliers de la stabilité politique en Jordanie, a été critiqué dans cette crise. Certains manifestants lui ont reproché d'avoir tardé à intervenir. Merzak Tigrine