La nouvelle majorité FFS à l'APC de Béjaïa a hérité, en janvier dernier, d'un dossier embarrassant, laissé par l'ancienne mandature. Celui des commerçants des 4-Chemins, en l'occurrence. Plus d'une quarantaine de commerçants et artisans devaient être évacués en urgence pour livrer l'échangeur avant le début de la saison estivale. L'ouvrage accusait un grand retard. L'ancien wali de Béjaïa, Mohamed Hattab, devenu depuis ministre de la Jeunesse et des Sports, avait alors fixé un ultimatum : le 1er avril 2018 au plus tard. Les anciens commerçants, qui se sont depuis constitués en association, ont accepté, selon leurs dires, de "jouer le jeu", à savoir libérer les lieux ; ils avaient même prêté main-forte aux agents de l'APC, venus avec des engins de démolition. Les autorités locales, à leur tête l'ancien wali de Béjaïa, M. Hattab, l'actuel président de l'APC, M. Merzougui, et quelques membres de son exécutif, avaient pris des engagements publics pour les relocaliser. Mais, six mois après, les commerçants sont toujours abandonnés à leur triste sort. Et du statut de commerçant, ils sont passés à celui de chômeur ou de "commerçant précaire". Retour sur la genèse de l'affaire. Les membres de l'exécutif communal, confrontés à ce problème, ont effectué plusieurs déplacements sur le site des 4-Chemins et discuté longuement avec les commerçants. Les propositions qui leur ont été faites en 2017 pour les relocaliser à Sidi-Ali Lebhar ont été rejetées malgré la menace de les expulser de force. L'exécutif FFS a réuni à 2 reprises les commerçants pour faire le point et un accord a été trouvé : ils devaient évacuer les lieux le 22 mars avec un procès-verbal, signé par le président de l'APC et chaque commerçant détenait une décision d'attribution. Lequel PV mentionnait notamment que les commerçants s'engageaient à accepter la démolition. La commune mettait à la disposition des commerçants tous les moyens logistiques pour évacuer leurs biens. La commune s'était engagée à procéder, en outre, à l'acquisition d'un immeuble, sis au quartier Edimco pour les relocaliser comme locataires et attribuer des locaux dans la zone extraportuaire (arrière-port) pour les commerçants activant dans la restauration et les débits de boissons. La procédure devait être engagée à partir de juin avec le budget supplémentaire 2018. La commune n'a pas omis de prendre, avec le PV d'huissier, des photos de chaque échoppe aux 4-Chemins de sorte à conserver la trace de toutes les caractéristiques du local : activité et investissements. La démolition a donc pu avoir lieu dans le calme le 22 mars dernier. Ce qui a fait dire à l'ancien wali Hattab : "Kountou fhoula (vous avez été des hommes) et l'Etat sera à vos côtés." Mais l'engagement de Mohamed Hattab, devenu ministre, a été vite oublié. La situation de ces commerçants est devenue aujourd'hui tragique car vivant de leur seul commerce. "On employait des centaines de travailleurs, à commencer par nos propres enfants. Aujourd'hui, ils sont au chômage." Ils déplorent notamment que l'actuel wali qui avait dit qu'il était "leur avocat" n'ait encore pas manifesté cette position. Du coup, les commerçants commencent sérieusement à regretter leur choix. M. OUYOUGOUTE