Le wali envisage la démolition des constructions illicites sur le littoral de la wilaya et veut impliquer la société civile dans la question des investissements sur la bande boisée. En recevant les membres de l'association pour la protection et la sauvegarde du littoral qui milite pour la préservation des espaces naturels de la bande littorale transformée en décharge et où des constructions ont été élevées illicitement, le wali Mohammed Hattab «a tenu à rassurer les membres de l'association qu'une opération de démolition des constructions illicites sur le littoral est déjà envisagée et sera entamée bientôt», selon la cellule de communication de la wilaya. Dans le même contexte, le wali semble vouloir désamorcer l'épineuse question de la bande boisée d'Aokas en invitant les représentants de cette association «à venir assister et prendre part aux réunions programmées par le comité d'architecture, afin qu'ils puissent participer avec leurs avis concernant les projets injectés au niveau du littoral». Ces concertations sont certainement envisagées dans le but d'examiner le moyen d'exploiter rationnellement la bande littorale dans le cadre du lancement des projets d'investissement. En attendant, la rue continue de gronder. La semaine dernière, les habitants d'Aokas ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya pour dénoncer les agressions faites à la bande littorale de la côte est. Une banderole, résumant les dangers qui guettent l'environnement et menacent la quiétude de la population en cas de destruction du couloir vert qui sépare les plages de la RN9, a été brandie et sur laquelle on peut lire : «Dangers : montée des eaux, désertification, pollution et prostitution». Pour un intervenant, «le problème écologique est aujourd'hui une préoccupation populaire. La protection de la bande boisée concerne tout le monde». Il a rappelé qu'il y a «quelques années, les pouvoirs publics ont lancé un programme agricole qui a nécessité le déboisement d'une partie du couloir vert, mais ce projet n'a jamais eu lieu». Par le déboisement et l'installation d'infrastructures sur ledit site, l'Etat commet, selon l'orateur, «un viol caractérisé contre la nature et les lois». Les habitants d'Aokas et de Souk El Tenine revendiquent un «tourisme de masse réfléchi» constatant que la nature des projets qui devaient être implantés sur cette bande boisée vise à promouvoir le tourisme de classe qui ne profitera pas au citoyen. Jusqu'où ira le wali face à ce qui est désigné par les associations «la mafia locale du foncier», qui est fréquemment montrée du doigt par le mouvement associatif sans qu'il ne désigne nommément les auteurs ? Depuis des années, toutes les tentatives des exécutifs de wilaya et ceux des APC ont été comme des coups d'épée dans l'eau. En 2016, l'APC de Béjaïa a recensé pas moins de 400 arrêtés de démolition qui n'ont pas été exécutés dont une centaine rien que dans la commune de Béni Ksila, sur la côte ouest de Béjaïa. Aussi, chaque saison estivale, la RN24 qui longe le littoral ouest est transformée en une décharge sauvage sans que cela n'inquiète les autorités de wilaya, l'APC de Toudja étant dépourvue de moyens. Celle-ci s'est même endettée pour des opérations conjoncturelles d'évacuation des ordures.