Dans la wilaya et depuis des années, l'on ne cesse d'évoquer l'ambitieux et nécessaire projet agricole de "la relance des agrumes, de l'arboriculture et plus particulièrement de la clémentine". La clémentine dont le berceau est à Messerghin, à quelque 14 km d'Oran, est en voie de labellisation, grâce aux efforts conjoints d'une association de femmes versée dans l'agriculture, le centre de formation professionnelle d'agriculture de Messerghin et de la Direction des services agricoles. C'est encore dans cette commune que les vergers originaux de la clémentine se meurent et que des agricultrices tentent de sauver, en ayant lancé une pépinière de plants de clémentine, avec un porte-greffe et des greffons de la clémentine issus des vergers les plus anciens. Pour que ce projet de relance se réalise, et qu'il ait un impact économique en plus de l'aspect de préservation d'un produit du terroir aux dimensions historiques, la disponibilité de l'eau est indispensable. Sans cela rien ne pourra se faire, c'est-à-dire préserver les vergers restants et accroître les superficies. Et c'est là que se situe le blocage qui perdure depuis des mois, comme nous l'avait expliqué le président de la Chambre d'agriculture d'Oran : "La question de la disponibilité de l'eau est primordiale, aujourd'hui grâce au dessalement de l'eau de mer l'alimentation en AEP d'Oran est couverte, nous voulons désormais récupérer les forages, les puits pour les reverser dans l'agriculture et les vergers." Plus loin, ce dernier assure que des demandes d'autorisation pour les fonçages ont été transmises à qui de droit, incluant le transfert des forages, des puits existants au profit des périmètres agrumicoles et prioritairement à la clémentine. Une commission avait même était mise en place, à la wilaya, pour trancher cette question, et où figuraient des représentants de la Chambre d'agriculture, de la DSA, de l'hydraulique et de la Seor. "Nous sommes prêts à voir avec les gens de la Seor, la formule qui leur convient pour le transfert des puits, ils pourraient même rester les gestionnaires des forages et voir comment se fera l'exploitation, mais il n'y a toujours rien de nouveau", déplore notre interlocuteur, qui n'a pas d'explication en fait sur l‘absence de décision de la commission pour trancher ce problème. En attendant c'est l'avenir de l'arboriculture et du label de la clémentine qui est en train de se jouer. Et cela d'autant que les périmètres de clémentines et des agrumes en général, ne cessent de diminuer ces dernières années. Les services agricoles de la wilaya d'Oran (DSA) ne dénombrent plus que 92 ha de "clémentine d'origine de la région" sur un total de 237,08 ha consacrés aux agrumes en général. En 1999, il y avait encore 250,23 ha de clémentine pour 521 ha d'agrumes. Pour tenter de sauver ce qui peut l'être encore, la préparation d'un salon consacré aux agrumes et à la clémentine est envisagée, vers la fin de l'année. Mais pour beaucoup "d'amoureux de la clémentine" ce fruit reste particulier dans la région d'Oran, qui l'a vu naître en 1902, grâce au père Clément qui obtiendra "la clémentine" en procédant à la fécondation des fleurs de mandarine avec du pollen de bigaradier. C'est aussi cela la relance de la clémentine, une histoire chevillée à la terre locale. D. Loukil