La Turquie est en discussions avec l'ONU pour une éventuelle enquête internationale sur le meurtre à Istanbul du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, a indiqué hier le chef de la diplomatie turque. "À ce sujet, nous nous sommes entretenus avec le Secrétaire général de l'ONU et avec nos homologues et nous continuons de le faire", a déclaré le ministre Mevlüt Cavusoglu. "En marge du G20 (début décembre), avec nombre de nos homologues, notamment canadien, nous avons exprimé la volonté de faire une demande commune", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Ankara. Jamal Khashoggi, un éditorialiste critique du pouvoir de Riyad, a été tué le 2 octobre dernier par des agents saoudiens dans le consulat de son pays à Istanbul. La Turquie avait affirmé dans un premier temps ne pas souhaiter une enquête internationale, privilégiant une coopération directe avec les autorités saoudiennes. Mais Ankara n'a de cesse de critiquer le manque de collaboration de Riyad, qui affirme que le meurtre a été commis sans son accord. Les autorités saoudiennes ont rejeté une demande turque d'extradition des suspects, parmi lesquels deux proches du prince héritier Mohammed Ben Salmane, accusés par Ankara de faire partie des planificateurs du meurtre. Les deux hommes, Ahmed al-Assiri et Saoud al-Qahtani, ont été démis de leurs fonctions le 20 octobre alors qu'une tempête diplomatique s'abattait sur Riyad après le meurtre de l'éditorialiste, collaborateur du Washington Post. "Ces responsables doivent être jugés selon la loi turque", a insisté hier M. Cavusoglu. "Pourquoi ne voulez-vous pas que ces personnes soient jugées en Turquie ? Avez-vous peur que soit révélée l'identité de ceux qui ont donné l'ordre pour ce meurtre ?" Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé les plus hauts niveaux de l'Etat saoudien d'être impliqués dans ce meurtre, tout en dédouanant le père du prince héritier, le roi Salmane. Selon les éléments de l'enquête turque et les conclusions de l'agence de renseignements américaine (CIA), Mohammed Ben Salmane est le principal commanditaire de cet assassinat ignoble, mais il continue à bénéficier du soutien de l'allié américain, en la personne du président des Etats-Unis, Donald Trump. Des pays arabes se refusent de croire en la culpabilité du prince héritier, affirmant croire en la neutralité de la justice saoudienne. Une dizaine des membres du commando dépêché à Istanbul ont officiellement été condamnés pour avoir agi individuellement. L. M./Agences