Dans son premier rapport mensuel post-réunions de l'Opep et ses alliés non-Opep, le diagnostic de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) était très attendu face aux incertitudes qui minent le marché. La décision de réduire de 1,2 million de barils par jour (mbj) leur offre pétrolière, prise, le 7 décembre dernier, par les producteurs Opep et non-Opep, ne devrait avoir qu'un impact marginal sur l'évolution de l'offre mondiale en 2019. L'AIE a abaissé de 415 000 barils/jour, à 1,5 mbj, sa prévision d'augmentation de l'offre pour l'année prochaine pour la production issue de pays non membres du cartel, après une hausse attendue de 2,4 mbj cette année. C'est une baisse qui correspond à l'effort que consentiront les producteurs non-Opep signataires du dernier accord conclu à Vienne. Les 10 producteurs non-Opep devront réduire leur production de 400 000 barils par jour, tandis que les 14 pays de l'Opep devront pomper 800 000 barils de moins quotidiennement à compter du mois de janvier 2019. L'AIE a laissé entendre que la décision de réduire la production de 1,2 mbj, prise le 7 décembre par l'Opep et ses partenaires, serait insuffisante pour absorber les excédents du marché. En novembre, la production hors Opep a progressé de 1,9 mbj par rapport à la même période de l'an dernier. Depuis le mois de mai, l'offre mondiale a en effet grimpé de 2,2 mbj, note l'AIE dans son rapport, essentiellement aux Etats-Unis, en Arabie saoudite et en Russie, en partie pour compenser l'annonce du retour des sanctions américaines contre l'Iran, qui a conduit à un net repli de sa production. Les trois poids lourds du marché ont porté leur production à un niveau record, mettant à rude épreuve les tentatives de rééquilibrer le marché au moyen de la limitation de l'offre. Ce pompage massif, non absorbé par la demande, a généré une augmentation des stocks, entraînant "une potentielle surabondance significative de l'offre l'année prochaine", prévient l'AIE, même si l'accord conclu entre l'Opep et ses partenaires pourraient contribuer à restaurer l'équilibre du marché, nuance-t-elle. L'AIE, qui s'est ainsi livrée à un jeu d'équilibriste, mettant en avant deux scénarii, celui d'une coupe insuffisante pour endiguer la hausse de l'offre et le scénario d'un retour progressif à l'équilibre, était toute aussi prudente dans ses prévisions sur l'évolution de la demande mondiale en pétrole. L'Agence internationale de l'énergie a maintenu ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2018 et 2019, estimant que des cours plus bas du brut, susceptibles de doper la consommation, seraient compensés par de moins bonnes perspectives économiques. L'Agence table toujours sur une croissance de la demande mondiale de 1,3 million de barils par jour cette année, puis de 1,4 mbj en 2019, pour s'établir à 100,6 mbj l'an prochain. "Même si les prix du brut ont baissé considérablement depuis le pic d'octobre, une partie du soutien apporté par ces prix plus bas sera compensé par une croissance économique mondiale plus faible, en particulier dans certains pays émergents", lit-on dans le rapport mensuel de l'AIE pour le mois de novembre. Pour ainsi dire, la situation du marché pourrait rester en l'état, compte tenu de la morosité qui enveloppe la croissance de l'économie mondiale, mais aussi d'une offre surabondante que même la décision de l'Opep et ses partenaires ne pourrait absorber. Ali Titouche