Dans son rapport mensuel, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a averti, hier, que la perspective des prix du pétrole plus élevés, en 2017, pousserait l'an prochain certains pays extérieurs au cartel à pomper plus de brut que prévu. La production de ces pays devrait croître de 0,30 million de barils par jour (mbj) pour atteindre 56,50 mbj l'an prochain, après un repli de 780 000 barils par jour à 56,20 mbj. «Cela s'explique principalement par des attentes plus élevées en matière de prix pour 2017», a expliqué l'organisation, citée par l'APS. Les principaux contributeurs à cette hausse seront le Brésil, le Kazakhstan et le Canada, qui compenseront des replis aux états-Unis, en Chine, en Colombie ou au Mexique, même si ces prévisions restent grevées par de nombreuses incertitudes, comme le rythme de la croissance économique ou l'évolution effective des prix. Les cours du brut ont déjà amorcé une forte remontée depuis l'annonce, le 10 décembre, d'un accord entre l'Opep et 11 pays hors Opep, dont la Russie mais pas les états-Unis, le Canada et le Brésil, pour limiter leur production. L'Opep s'est fixée un objectif de production de 32,5 mbj à compter de janvier, tandis que ses pays partenaires devraient réduire leur production de 558 000 barils par jour. Ces efforts sur la production devraient contribuer au «rééquilibrage du marché pétrolier au second semestre de 2017», selon le rapport. Entre temps, la production mondiale a continué d'augmenter, en novembre, pour s'élever à 96,84 mbj, soit 0,53 mbj de plus par rapport au mois précédent. à elle seule, l'Opep a pompé à un niveau record de 33,87 mbj. Quant à la prévision de croissance de la demande mondiale, elle a été révisée en légère hausse pour cette année du fait d'une consommation plus robuste qu'attendu en Europe et dans certains pays d'Asie. Elle devrait croître de 1,24 mbj à 94,41 mbj, en 2016, puis de 1,15 mbj à 95,56 mbj l'an prochain, a indiqué l'Opep. En déplacement aux états-Unis, le secrétaire général de l'Organisation, Mohammad Barkindo, a indiqué que l'OPEP tentait de mettre sur pied un mécanisme de coopération avec les pays producteurs n'appartenant pas au cartel afin de ramener la stabilité sur les marchés. Le plongeon des cours du brut depuis la mi-2014 a entraîné une baisse très forte des investissements, évaluée à «plus de 300 millions de dollars en 2015 et 2016», ce qui n'a plus permis de répondre aux demandes futures du secteur énergétique, a-t-il déclaré lors d'une intervention devant le Centre des études internationales et stratégiques (CSIS), un think tank basé à Washington. «Les ministres de l'OPEP ont décidé qu'il était temps d'agir», a poursuivi Barkindo. La veille, l'Agence internationale de l'énergie (AIE, représentant les pays consommateurs) a, dans son rapport mensuel prévu que «si l'Opep et les pays non-Opep appliquaient rapidement leur accord de réduction de la production, les stocks mondiaux commenceraient à baisser durant le premier semestre de l'an prochain». Dans ce rapport, qui intervient trois jours après la rencontre historique de Vienne, l'AIE rappelle qu'«avant l'accord entre les producteurs, nos chiffres d'offre et de demande suggéraient que le marché se rééquilibrerait à la fin de 2017», soulignant que l'Opep, la Russie et d'autres producteurs «cherchent à accélérer le processus».