Le centre de la ville de Constantine a été très mouvementé durant la journée de jeudi dernier. À partir de 15h05, les sirènes d'une procession de véhicules de lutte contre l'incendie et d'ambulances, qui se dirigeaient vers la vieille prison et où 10 minutes auparavant un incendie s'est déclenché, ont déchiré le silence glacial de cet après-midi hivernal constantinois. De par la situation géographique du centre pénitencier (centre-ville) et de la période qui coïncide avec un jour de sortie des familles (jeudi), la nouvelle s'est propagée telle une traînée de poudre à travers tous les coins de la ville du Vieux-Rocher. “Hargou l'hebs n'taâ Koudiat”, laisse-t-on entendre partout. Devant la prison, où un périmètre de sécurité a été vite instauré, une centaine de personnes, essentiellement des femmes, se sont rassemblées en quête de nouvelles qui proviendraient de l'autre côté de l'imposante muraille. Toutes les autorités locales, dont les responsables locaux du secteur de la justice, étaient sur les lieux. Aux coups de 16 heures, les premiers sapeurs-pompiers sortent de la forteresse et rassurent la foule. “Ouahad ma t'gass, kanou kamel fi la cour”, lance l'un d'eux à un groupe de femmes plongées dans un mélange de sanglots et de prières. Aux coups de 17 heures, soit deux heures après que l'alerte fut donnée, le feu a été totalement maîtrisé par les éléments de la Protection civile qui ont agi dans des conditions très défavorables. En effet, la prison du Koudiat ne dispose que d'un seul accès. Le second, donnant sur le stade Benabdelmalek, a été obstrué après que des terroristes, dont certains sont toujours en cavale, se sont évadés à travers cette issue en 1994. Les sapeurs-pompiers ont été contraints de traverser toute la prison pour arriver à hauteur du foyer de l'incendie, à l'autre bout de la bâtisse. Personne n'arrive à expliquer comment une prison avec un seul accès et après les évènements du printemps dernier peut encore recevoir des prévenus ! Fait du hasard ou de calcul, le feu s'est déclenché dans la salle n°4 qui se trouve de ce côté de la prison (stade Benabdelmalek) et à partir de laquelle les terroristes ont organisé leur fuite en 1994. Selon une source autorisée, l'incendie, qui a provoqué d'importants dégâts matériels, n'a fait aucune victime. Il a été occasionné par un court-circuit électrique. Selon une autre source, qui a requis l'anonymat, aucune piste n'est privilégiée à ce stade de l'enquête. Le fait que l'incendie s'est déclenché dans un coin précis de la prison, au moment où les prévenus allaient bénéficier de leur sortie quotidienne dans la cour, permet d'avancer des hypothèses et faire des recoupements par analogie. Selon une autre source, qui a eu accès à l'intérieur de la prison dès les premières minutes de l'incident, les prisonniers étaient calmes et aucune revendication n'a été portée aux différents responsables qui supervisaient la lutte contre le feu de l'intérieur de la prison. À noter que la prison du Koudiat a été épargnée, le printemps dernier, par la série d'incendies qui ont touché différentes prisons du pays dont celles du Khroub et de Boussouf dans la wilaya de Constantine. M. K.