Après presque 20 jours de cogitation, Bedoui constitue une équipe ni totalement rénovée, ni représentative du mouvement populaire, ni particulièrement compétente pour gérer une période cruciale de la vie du pays. Le Premier ministre Noureddine Bedoui avait promis, le 14 mars dernier dans la conférence de presse qu'il a animée au Centre international des conférences à Club-des-Pins, que l'annonce du nouveau gouvernement était imminente. Il a affirmé aussi que son équipe sera formée "de technocrates (...) et sera représentative de toutes les compétences, notamment les jeunes". Il est aujourd'hui formellement démenti sur les deux assertions. Il a d'abord largement dépassé les délais qu'il s'est fixés. Il lui a fallu presque vingt jours pour avoir un Exécutif hétéroclite, constitué de ministres recrutés au sein du régime et de sept membres recyclés de l'équipe de son prédécesseur, Ahmed Ouyahia. En clair, le staff de Bedoui n'est ni totalement rénové ni particulièrement compétent pour gérer une période cruciale de la vie politique et institutionnelle du pays. Le maintien de Houda Imane Faraoun aux commandes du ministère de la Poste et des Nouvelles technologies de l'information et de la communication est vécu comme une offense par les Algériens qui n'ont eu de cesse de la dénoncer lors des manifestations, pour les coupures intempestives de l'Internet. La nomination de Fethi Khouil, qui a gagné un siège de député indépendant à Djelfa grâce à ses talents d'humoriste, à la tête du ministère chargé des Relations avec le Parlement, et l'attribution du portefeuille de la Culture à Meriem Merdaci, éditrice, ont contribué à confirmer les difficultés rencontrées par Bedoui dans sa volonté d'intégrer coûte que coûte dans son équipe des ministres jeunes. Il les a trouvés, laborieusement selon toute toute vraisemblance. Khouil, 35 ans, et Merdaci, 36 ans. Le successeur de Mahdjoub Bedda a été incapable de donner, en sa qualité de député, une définition basique de "la balance commerciale". Les autres nouveaux ministres sont majoritairement des sexagénaires, des seconds rôles dans les départements qu'ils administrent désormais. Il est, certes, précisé que ce n'est qu'un gouvernement de gestion des affaires courantes, donc en exercice pour une courte durée et presque sans aucune prérogative réelle. Encore faut-il qu'il survive à une révolte populaire qui ne s'accommodera assurément pas d'un gouvernement issu du régime qu'elle combat. Le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, est reconduit dans le gouvernement nommé par le président Bouteflika qu'il s'échine à destituer pour incapacité à diriger les affaires du pays. C'est sidérant. Même si certains observateurs politiques pensent que c'est Gaïd Salah qui a accéléré la formation du gouvernement pour pouvoir exécuter sa feuille de route dans un cadre légitime, il est difficile de croire en sa bonne foi tant il a changé de discours autant de fois qu'il a parlé, ces dernières semaines. Souhila Hammadi