Près de 223 000 cas suspects de choléra ont été signalés en 2019 au Yémen, où l'épidémie s'est propagée de manière alarmante en raison des conditions sanitaires dégradées liées au conflit armé dans ce pays, a alerté l'organisation des Nations-Unies. Pour le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, cité samedi par des médias, "c'est trois fois le nombre de cas rapportés au cours de la même période l'année dernière et près du quart des cas sont des enfants de moins de 5 ans". Selon M. Dujarric, une épidémie en spirale avec une morbidité et une mortalité massives pourrait survenir si les tendances actuelles ne sont pas rapidement maîtrisées. "Les agences humanitaires des Nations unies sont particulièrement préoccupées par le fait que cette augmentation a eu lieu plusieurs mois avant le pic habituel de la saison des pluies au mois d'août au Yémen", a-t-il ajouté. Selon l'ONG humanitaire Oxfam, de vastes régions du Yémen en guerre risquent d'être confrontées à une résurgence de l'épidémie de choléra, le nombre de cas suspects ayant fortement augmenté cette année et les ONG peinant à accéder à environ 40 000 d'entre eux. Vendredi, l'ONG britannique Oxfam a averti contre la résurgence de cette épidémie dans un communiqué. "Le peuple du Yémen a déjà enduré la pire épidémie de l'histoire", a affirmé Muhsin Siddiquey, le directeur de l'ONG Oxfam au Yémen, dans un communiqué. "Laisser cette maladie se propager de nouveau à travers le pays (...) serait une tache sur la conscience de l'humanité", a-t-il poursuivi, appelant la communauté internationale à assurer rapidement l'accès des organisations humanitaires dans le pays. "Au cours des deux dernières semaines de mars, environ 2 500 cas suspects ont été rapportés chaque jour, (un nombre) en augmentation par rapport aux 1000 cas rapportés chaque jour en février", a écrit l'ONG. Il y a 10 fois plus de cas suspects recensés et de personnes décédées du choléra que sur la même période en 2018, a affirmé Oxfam. Depuis 2016, le choléra a tué plus de 3 000 Yéménites, selon l'ONG. Le conflit au Yémen, qui a fait au moins 10 000 morts depuis 2015 et provoqué la pire crise humanitaire au monde, oppose le gouvernement appuyé par l'Arabie Saoudite au mouvement "Ansarallah" (Houthis). Des ONG estiment toutefois que le nombre de morts est nettement plus élevé, certaines citant un bilan 5 fois supérieur.