Anders Von Hofsten, Olle Linder et Fredrik Gille, plus connus sous l'acronyme HOF, est le trio tout droit venu de Stockholm qui a enchanté le public algérois, avant-hier soir à la salle Ibn Zeydoun, à l'occasion du 20e Festival culturel européen en Algérie (du 10 au 27 mai). Les trois musiciens, maniant aussi bien la guitare sèche, le synthé que les percussions, avaient accueilli un nouveau membre pour la soirée, en la personne du musicien d'origine algérienne Youcef Grim, venu donner un cachet plus oriental au répertoire des trois Suédois. Flirtant entre la soul, le jazz et la pop des années 90, ce joyeux – et inattendu – mélange des genres et des cultures, où ont été repris plusieurs morceaux de l'album Cosmic Lulabies de Van Hofsten et du prochain album du percussionniste Olle Linder Kasta loss, a donné naissance à une ambiance enjouée, aussi bien sur scène que dans le public. Anders Von Hofsten, véritable caméléon vocal, a su enchanter et captiver son assistance, durant un peu plus d'une heure, non seulement par ses capacités vocales, où il passait tour à tour du registre grave à l'aigu, mais aussi son entrain et sa facilité à communiquer avec son public. Si au début de la soirée ce dernier justement était resté timoré, ne distribuant que des applaudissements au terme de la première interprétation Ni ni, fleurant bon la pop indé des années 90, les chansons suivantes, plus enjouées, versant dans des sonorités africaines, voire tribales, d'autres, du flamenco, et même de la samba et de la rumba, aidées de la derbouka de Grim, ont fini par conquérir les présents, en famille, en couple ou entre amis, qui se laissèrent aller à quelques déhanchés sur scène ou dans leurs fauteuils. Aussi lorsque les musiciens improvisaient des battles de percussion – instrument utilisé par trois membres du groupe – nombre de spectateurs dégainaient leurs smartphones afin de capturer ces moments de partage. Le morceau Pearl, une composition d'Andres Von Hofsten, fait découvrir un côté plus mélancolique de la formation suédoise. Menée par la seule voix de Von Hofsten, cette chanson interprétée en anglais a plongé la salle dans une savoureuse obscurité, rythmée par la seule maîtrise du musicien et la beauté du moment. Il était évident que l'invitation de Grim réservait d'autres surprises au public algérois, puisque, vers la fin du concert, la reprise du morceau Chehilet laâyani de Abdelkader Chaou s'est faite avec les percussions et la derbouka des Grim, Linder et Gille, sous les applaudissements, des youyous et même des "3awedha" (refais-la) du public. Yasmine Azzouz