Le rapport 2019 du département d'Etat américain sur la traite des personnes dans le monde "Tip Report", publié ce jeudi, a classé, pour la troisième année consécutive, l'Algérie dans la troisième catégorie Tier 2 Watch List. Le plus grand pays d'Afrique a été classé dans ce rang pour n'avoir pas "respecté pleinement les normes minimales en matière d'élimination de la traite mais déploie des efforts considérables pour le faire", indique le rapport. L'Algérie se retrouve ainsi logée à la même enseigne que, entre autres, l'Irak, l'Afghanistan, le Liberia et le Soudan, selon l'administration américaine. Cette mise à l'index survient après le manque d'effort du gouvernement algérien pendant l'année 2018. Il est ainsi expliqué que l'Algérie "n'a pas systématiquement identifié les victimes de la traite, exposant les victimes potentielles — en particulier parmi la population de migrants africains — à des sanctions pénales pour actes illicites que les trafiquants ont été forcés de commettre, tels que l'immigration et la prostitution". Le document signale que "le gouvernement n'a pas signalé avoir enquêté, poursuivi ou condamné des auteurs de traite à des fins sexuelles. Parce que le gouvernement a consacré suffisamment de lois qui, si elles étaient mises en œuvre, constitueraient un effort considérable pour respecter les normes minimales". Tout en ajoutant que "l'Algérie a obtenu une dérogation, conformément à la loi sur la protection des victimes de la traite des personnes, à partir du déclassement par défaut au niveau 3 et, par conséquent, dans la catégorie Tier 2 Watch List, pour la troisième année consécutive". Pour faire progresser une politique globale de lutte contre la traite humaine, le "Tip Report" préconise une série de recommandations, telles que "la mise en œuvre des procédures normalisées à l'échelle nationale pour identifier les victimes de la traite et former les agents à ces procédures (…), l'élaboration des normes nationales pour la collecte, la synthèse et l'analyse des données relatives à la lutte contre la traite des personnes et à la protection des victimes" et bien d'autres. Pour rappel, l'Algérie avait contesté ce classement en 2016, estimant que l'appréciation du département d'Etat était "loin de résulter d'une évaluation rigoureuse" de la situation et ne "rendait pas, certainement, justice à la posture claire et active de l'Etat algérien sur cette problématique".