Le rapport souligne que le gouvernement algérien "n'a signalé aucune condamnation pour trafic ou infractions connexes". Après les ONG, c'est au tour du département d'Etat américain d'épingler l'Algérie donnée comme ne faisant pas assez pour lutter contre la traite des personnes. "Le gouvernement algérien ne respecte pas pleinement les normes minimales relatives à la lutte contre la traite des personnes, bien que beaucoup d'efforts soient déployés pour ce faire", note en effet le département d'Etat américain dans son rapport daté du jeudi 28 juin 2018. Un rapport qui place l'Algérie dans la catégorie "Tier 2 watch list", avec les pays dont les gouvernements ne sont pas entièrement conformes aux TVPA (Trafficking Victims Protection Act) (voir encadré ci-dessous), mais qui se sont engagés à prendre des mesures considérables. Selon le même rapport, le gouvernement a fait des efforts avec l'"accroissement des investigations et des poursuites engagées contre des trafiquants présumés en vertu de la loi anti-traite, de l'identification de 33 victimes et d'une formation accrue des praticiens judiciaires". Il a également pris, selon la même source, des mesures considérables en créant un comité, placé sous la tutelle du Premier ministre, chargé de mettre en place une politique nationale et un plan d'action dans le domaine de la prévention, de la lutte contre la traite des personnes et la protection des victimes, rappelle le même rapport. Néanmoins, malgré ces réalisations, souligne la même source, le gouvernement algérien n'"a signalé aucune condamnation pour trafic ou infractions connexes". Le département américain reproche ainsi au gouvernement algérien la non-mise en application des missions du comité national de prévention et de lutte contre la traite des personnes. Le document élaboré par le département d'Etat US, qui formule une série de recommandations, ne manque pas de rappeler que l'Algérie demeure un pays de transit et de destination pour l'immigration clandestine provenant essentiellement des pays d'Afrique subsaharienne. "L'Algérie fait toujours face aux flux d'immigrés qui entrent clandestinement dans le pays avec l'aide des réseaux de passeurs et de contrebandiers", constate ce rapport qui évalue les progrès annuels réalisés par les pays dans la lutte contre la traite des personnes. Selon le même document, de nombreux migrants, échouant à rejoindre l'Europe, restent en Algérie. "Certains d'entre eux, qui ont des dettes à régler aux passeurs, sont susceptibles d'être réduits au travail forcé et à la prostitution pour payer leur traversée à ces réseaux criminels". Pour la seconde année consécutive, l'Algérie est restée dans la même catégorie. Elle se retrouve ainsi logée à la même enseigne que, entre autres, l'Arabie saoudite, l'Iraq, l'Afrique du Sud, le Niger, le Mali, le Nigeria et Cuba, selon l'administration américaine. Les classements de 2017 et 2018 représentent une amélioration par rapport à 2016 où elle a figuré à la troisième catégorie. L'Algérie avait, pour rappel, contesté officiellement ce classement, estimant que l'appréciation du département d'Etat était "loin de résulter d'une évaluation rigoureuse" de la situation et ne "rendait pas, certainement, justice à la posture claire et active de l'Etat algérien sur cette problématique". Imène AMOKRANE Chaque année, le rapport de la diplomatie américaine sur le trafic d'êtres humains établit un classement sur l'échelle à quatre niveaux de la TVPA. Le premier niveau (Tier 1) comprend les pays dont les gouvernements se conforment pleinement aux normes minimales de la TVPA. Le deuxième niveau (Tier 2) regroupe ceux qui ne sont pas entièrement en conformité mais font des efforts considérables. Le troisième niveau (Tier 2 watch list), concerne les pays qui ont pris des engagements pour prendre des mesures. Le quatrième niveau (Tier 3) classe les pays dont les gouvernements ne respectent pas le minimum des normes de la TVPA. I. M.