Yves Rocher, Sephora, Carré Blanc, Jacques Dessange... Qui aurait pu imaginer, il y a encore quatre ou cinq ans, trouver ces enseignes françaises à Alger ? Contrairement à ses voisins, le Maroc et la Tunisie, l'Algérie ne s'est ouverte que très récemment à la franchise de marques. Depuis deux ans, le phénomène prend de l'ampleur. Une boutique Hédiard est annoncée. Le groupe Celio devrait s'installer d'ici à l'automne, de même qu'une enseigne de restauration rapide Quick. Carrefour étudie sa stratégie d'intervention. Speedy, leader européen de l'entretien et de la réparation automobile, toutes marques confondues, compte bientôt ouvrir plusieurs magasins franchisés dans plusieurs villes du pays. Pour autant de l'avis de la commission économique de l'ambassade de France, “la franchise reste à ce jour encore peu développée en Algérie”. Dans une fiche de synthèse très intéressante, publiée début juillet, la commission économique de l'ambassade de France parle de “début timide”. Le document évoque justement l'engagement du groupe Yves Rocher, “premier à lancer le concept de franchise en Algérie avec l'ouverture dès 2003 de magasins à Alger”. Le groupe, relève la commission économique de l'ambassade de France, dispose aujourd'hui de 11 magasins dont 5 à Alger, 2 à Oran, 1 à Tizi Ouzou, Béjaïa, Sétif et Hassi-Messaoud. Elle cite le groupe Dessange International qui a ouvert en mai 2005, à El-Biar, un espace de 400 m2 comprenant un salon de coiffure et un institut de beauté. Dans le secteur du textile, la fiche de synthèse de la commission économique de l'ambassade de France évoque l'ouverture par Carré Blanc, spécialiste du linge de maison, de son premier magasin à Saïd-Hamdine, à Alger, en décembre 2004. Le groupe Geneviève Lethu devrait également, dans le courant de l'année 2005, ouvrir un magasin. Le groupe Celio projette d'ouvrir au cours du 2e semestre 2005 “un magasin franchisé de vêtements pour hommes”. Dans la restauration, l'ouverture en mai dernier, à Alger, d'un restaurant Hippopotamus de 320 places a fait figure d'événement. La commission économique de l'ambassade de France explique que “le droit de la franchise n'est pas développé en Algérie, pas plus que les activités franchisées, alors même que le pays reconnaît, dans certaines de ses conventions internationales, le principe de protection des redevances de marques, licences ou royalties au titre des investissements réalisés sur le territoire national”. Le document fait référence à la convention sur la protection réciproque des investissements signée entre la France et l'Algérie le 13 février 1993. “Le code du commerce n'organise pas les franchises, et la Banque d'Algérie maintient une réglementation des changes contraignantes qui laisse une grande part au contrôle strict des flux de capitaux”, fait-elle remarquer. Les redevances de marques, licences, royalties, explique le document, “ne sont pas couvertes par le champ de la réglementation de la Banque d'Algérie et sont donc soumises à une autorisation préalable quant à leur rapatriement”. La Banque d'Algérie, souligne la commission économique de l'ambassade de France, “considère à ce jour que le droit de marques ne constitue pas en soi le produit d'une activité de production de biens et services et ne peut dans ces conditions bénéficier d'une autorisation de rapatriement”. Du coup, “aucune franchise ne fonctionne donc en Algérie selon les principes de redevances de marques”. Les quelques expériences avec des marques françaises reposent sur des montages juridiques exorbitants du droit commun, souligne la fiche de synthèse de la commission économique de l'ambassade de France qui affirme que “la confusion qui existe dans la notion même du droit de la franchise en Algérie est cependant en passe d'être levée”. Meziane Rabhi