L'avocat Mokrane Aït Larbi s'est insurgé, hier, contre le refus du juge d'instruction de la première chambre du tribunal de Dar El-Beïda de lui délivrer un permis de communiquer avec un détenu politique pour lequel il s'est constitué. Me Mokrane Aït Larbi, qui n'a pas souhaité révéler le nom du détenu, qualifie ce comportement de "dérive dangereuse". Et pour cause, ce refus constitue une pratique rarissime dans les annales de la justice où un juge d'instruction outrepasse ses prérogatives et piétine la loi, notamment la loi fondamentale, qui garantit au prévenu le droit à être défendu. D'où le coup de gueule de Mokrane Ait Larbi qui s'insurge et dénonce. Il explique que "le juge d'instruction ne peut refuser de remettre le permis ainsi qu'une copie du dossier à un avocat quels que soient les raisons et les justificatifs. Je considère cette attitude contraire à la loi, en particulier celle régissant la profession d'avocat et l'article 170 de la Constitution. C'est aussi une atteinte frontale et dangereuse aux droits de la défense". Et d'étayer dans un communiqué rendu public hier : "La relation entre le juge d'instruction et l'avocat définie dans le code de procédure pénale n'a pas été respectée par ce juge." Quant aux liens entre l'avocat et son mandant, ils sont réglementés, poursuit-il, par la loi régissant la profession d'avocat : "Le juge d'instruction n'a le droit à aucune interférence. Car cela relève des seules prérogatives du bâtonnat et, de ce fait, je dénonce ce dépassement et cette dérive tout en demandant aux barreaux algériens de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à ce comportement dangereux dont je n'ai pas été témoin précédemment durant toute ma carrière professionnelle." Mokrane Aït Larbi a saisi aussi le bâtonnier d'Alger, tout en restant dans l'attente des mesures qu'il prendra. Nissa H.