La situation est grave ! L'avocat et militant des droits de l'homme, maître Mokrane Aït Larbi, a dénoncé, hier, le refus par le juge d'instruction du tribunal de Dar El Beida de lui délivrer le permis de visite d'un détenu d'opinion ainsi qu'une copie de son dossier, et ce, en violation, dit-il, de tous les droits. Mokrane Aït Larbi qualifie le comportement de ce juge «d'arbitraire» et de «dérive dangereuse». «J'ai annoncé ma constitution devant le juge d'instruction de la première chambre du tribunal de Dar El Beida, relevant de la cour d'Alger, pour défendre un détenu d'opinion, et j'ai versé la lettre, mais le juge d'instruction a refusé de me délivrer le permis de visite ainsi qu'une copie de son dossier. Non seulement, cette attitude est contraire à la loi, mais c'est une première dans les annales de la justice. Durant toute ma vie professionnelle, je n'ai jamais vu un juge d'instruction refuser de délivrer un permis à un avocat», s'offusque Me Aït Larbi. Et d'ajouter : «Lorsqu'un avocat annonce la constitution, le juge est tenu de l'enregistrer et de remettre une copie du dossier et, surtout, un permis de communiquer. Le juge d'instruction ne peut refuser sa demande en tant qu'avocat de la défense quels que soient les causes et les justificatifs.» Cette attitude, selon le militant des droits de l'homme, dépasse tout entendement et s'inscrit en porte-à-faux de la procédure pénale et contre la loi relative à la profession d'avocat. Pour Me Aït Larbi, le comportement du juge d'instruction est illégal. «Il s'agit là d'une violation flagrante et dangereuse du droit de la défense garanti par la Constitution, notamment la partie organisant la profession de l'avocat dans son article 170», explique-t-il tout en rappelant que la relation entre l'avocat et le juge d'instruction est déterminée par le code de procédure pénale qui n'est malheureusement pas «respectée» par le juge d'instruction : «La relation entre l'avocat et son mandant obéit à la loi portant organisation de la profession d'avocat et le règlement intérieur, sans aucune interférence du juge d'instruction et tout problème entre l'avocat et son client est une affaire qui est du ressort du bâtonnier.» Me Aït Larbi annonce avoir avisé son bâtonnier et lance un appel à tous les barreaux algériens pour prendre position et mettre un terme à ces pratiques. Toutefois, il se donne quelques jours avant de rebondir sur cette affaire et de décider de la démarche à suivre.