Plusieurs rassemblements ont été organisés hier pour réclamer la libération des militants anti-pouvoir arrêtés par l'armée dans des circonstances obscures. La rue libanaise a réagi hier avec colère et consternation à l'annonce d'une possible désignation de Mohammed Safadi, ex-ministre des Finances, au poste de Premier ministre, alors que ce dernier est issu d'une classe politique dirigeante décriée et rejetée par les manifestants. Plusieurs rassemblements ont été organisés dans la capitale et dans d'autres villes du pays pour protester contre cette possible nomination qui, selon des observateurs, ne fera qu'exacerber la crise, au moment où la menace d'une faillite économique pèse plus que jamais sur le pays. À Beyrouth, une grande manifestation a été organisée, l'après-midi, sur le front de mer à Beyrouth, à Zaytouna Bay, un complexe de luxe géré par une société présidée par M. Safadi. Le nom de ce dernier avait circulé après plusieurs tractations entre les différentes formations politiques du pays et les dirigeants au Liban. Les partis le Courant du Futur, le Hezbollah, Amal et le Courant patriotique libre (CPL) sont parvenus à une entente pour désigner Mohammad Safadi en tant que Premier ministre, selon des médias libanais. Jusqu'à hier, aucune annonce officielle n'a été faite par le président Michel Aoun. Le président libanais avait indiqué en début de semaine être favorable à un gouvernement incluant des représentants des partis au pouvoir, honnis par la rue, et des technocrates, alors que les manifestants veulent des indépendants et des technocrates. À Tripoli, la capitale du Nord dont M. Safadi est originaire et épicentre de la contestation, les manifestants n'ont pas tardé à réagir après les fuites sur sa possible nomination. Ils se sont rassemblés, dès jeudi soir, devant l'une des propriétés de M. Safadi et ont qualifié ce choix de provocation. Pour Samer Anous, professeur d'université, cité par des médias, Mohammed Safadi incarne la classe politique dont le mouvement de protestation veut se débarrasser. "Il fait partie intégrante de la structure de ce leadership et ne répond pas aux aspirations du soulèvement", a-t-il dit. Dans la ville de Saïda, dans le sud du pays, les manifestants ont bloqué hier des routes après avoir campé la nuit sur une place centrale. Les protestataires sont également sortis hier pour réclamer la libération de militants anti-pouvoir arrêtés par les forces de l'ordre. Plusieurs militants se sont mobilisés dans la rue et devant le palais de justice de Beyrouth pour dénoncer une série de détentions abusives contre des manifestants. Le nombre des manifestants arrêtés n'est pas connu. L'association des Journalistes contre la violence a dénoncé hier matin "les arrestations qui se poursuivent sur toutes les places publiques, notamment à Jal el-Dib et Zouk". Elle a exhorté les autorités concernées à libérer "immédiatement" toutes les personnes arrêtées.