Passé du stade de rituel populaire, célébré essentiellement par les populations berbérophones, au rang de fête nationale Yennayer trouve désormais un prolongement dans sa célébration, y compris dans les institutions n'ayant pas la culture pour vocation. Comme chaque année, le nouvel an berbère, Yennayer 2970, a été fêté, avant-hier et hier, de manière grandiose dans la wilaya de Tizi Ouzou où plusieurs activités célébrant ce rendez-vous annuel avec l'histoire, la culture et la nature ont été organisées à travers les villes et les villages. Etant passé du stade de rituel populaire, célébré essentiellement par les populations berbérophones, au rang de fête nationale, célébrée sur tout le territoire national, Yennayer, qui coïncide chaque année avec la date du 12 janvier du calendrier grégorien, trouve désormais un prolongement dans sa célébration, y compris dans les institutions n'ayant pas la culture pour vocation. Ainsi d'ailleurs, la Direction de la culture a concocté un programme de célébration qui s'étale sur toute la semaine et qui touche tous les établissements qui lui sont rattachés. Les activités inscrites au programme de cette célébration qui a débuté, à vrai dire, le 7 janvier dernier, oscillaient entre les spectacles, les expositions de produits du terroir, les conférences sur la symbolique de Yennayer. Toujours au plan institutionnel, la Direction de la jeunesse et des sports a, elle aussi, concocté un riche programme d'activités qu'a abrité le centre de loisirs scientifiques, avec la participation de nombreuses familles. Mais au-delà de ces célébrations officielles, c'est surtout le tissu associatif qui s'est saisi le plus de cette célébration qui coïncide pour la première fois depuis sa constitutionnalisation avec un jour ouvrable, montrant du coup le caractère férié de cette fête. Ainsi, de Redjaouna, sur les hauteurs de la ville de Tizi Ouzou, où a été organisé un grandiose carnaval de Yennayer, jusqu'à Assi Youcef, dans l'extrême sud de la wilaya où un cycle de conférences a été organisé sur la symbolique de Yennayer, de Tadmaït, à l'extrême Ouest jusqu'à Iferhounène, à l'extrême Est, passant par de nombreuses autres localités, de nombreux rituels, couscous populaires, expositions, concours dédiés à l'art culinaire et aux tenues traditionnelles berbères, des expositions d'objets traditionnels liés au monde agricole, à l'artisanat, ont été organisés par des associations et des comités de villages. S'il est vrai que le repas de Yennayer, qui constitue déjà à lui seul un rite et non des moindres puisque symbolisant, à la fois, la solidarité retrouvée, la chaleur familiale du foyer amazigh, la fraternité au sein de la communauté, le lien étroit avec la nature et le monde agricole des populations berbérophones, notamment rurales, constitue le point d'orgue de cette célébration, il n'en demeure pas moins que toutes ces activités organisées dans le sillage de Yennayer visent, au-delà du caractère festif, à reconquérir et à ressusciter des pans entiers du patrimoine matériel et immatériel berbère en déperdition. À présent qu'il est officiel, Yennayer a tendance, en effet, à quitter peu à peu la sphère revendicative pour envahir la sphère de la recherche et de la quête identitaire au sens culturel plein. Un chantier qui n'est pas des moindres, mais qui s'avère inévitable pour la reconstruction d'une forte personnalité berbère en ces temps de remise en question, comme ce fut le cas avec le drapeau amazigh pour lequel de nombreux manifestants ont payé de leur liberté.