Amar Laoufi, jeune doctorant en littérature amazighe et enseignant à l'université Mohand Oulhadj de Bouira estime que la célébration de Yennayer connaît des avancées en Kabylie et même dans d'autres régions berbérophones du pays. Selon le même chercheur, la demande de l'institutionnalisation de Yennayer coïncide avec la revendication de l'officialisation de tamazight. - Comment voyez-vous la célébration du nouvel an berbère ? Sur le plan festif, la célébration de Yennayer a connu des avancées remarquables par rapport aux années précédentes. Et pour cause, aujourd'hui, on constate que cette fête est marquée de manière grandiose à travers les différentes régions berbérophones où les citoyens perpétuent cette tradition millénaire, en préparant des plats traditionnels, selon les spécificités de chaque région. Donc, on peut dire qu'aujourd'hui, les gens ne sont plus complexés à l'égard de cette tradition dont la célébration se limitait jadis, au cadre familiale. Toutefois, depuis quelque temps, le mouvement associatif, notamment, s'implique grandement dans les festivités du nouvel an berbère, ce qui donne une autre dimension plus riche à la chose. Ainsi, au-delà du rituel dans les villages, les associations préparent souvent des programmes d'activités ponctuées essentiellement par des expositions et des conférences sur l'art culinaire berbère, histoire de remettre au goût du jour certains aspects socioculturels ayant bien évidemment trait à la symbolique de Yennayer. Cette occasion est, faut-il le souligner, célébrée aussi dans les universités où des étudiants accordent également une place dans leurs travaux de recherche à Yennayer. Cela dit, le nouvel an amazigh occupe une place importante dans la société d'où il est nécessaire de continuer à revendiquer sa constitutionnalisation en Algérie. - Justement, en tant que chercheur en littérature amazighe, que préconisez-vous, pour l'officialisation de Yennayer ? Il faut dire que sur le plan des avancées politiques, il y a beaucoup de manque concernant Yennayer, dont la revendication de son officialisation par l'Etat ne date pas d'aujourd'hui. Même si la seule région qui réitère souvent cette revendication est la Kabylie, mais, sur le plan symbolique, la constitutionnalisation du premier jour de l'an amazigh sera, à coup sur, un réconfort pour les citoyens de toutes les régions berbérophones. Il faut préciser aussi que cette année, la demande de l'institutionnalisation de Yennayer coincide avec la revendication de l'officialisation de tamazight et celle, pour certains, d'un statut particulier pour la région de Kabylie. Cela permettra l'évolution de la langue en question dans tous les domaines. Donc, tamazight sera totalement une langue de travail, de la science et de la recherche. Puis, on aboutira inéluctablement à la dépolitisation de cette question.