Les Libanais n'ont aucune intention de cesser leur mouvement de contestation, en l'absence d'une véritable alternative politique à Beyrouth, où la classe politique actuelle n'arrive pas à sortir le pays de l'impasse. Des affrontements ont opposé hier matin des manifestants aux forces de sécurité devant le siège du Parlement à Beyrouth, où les députés s'apprêtaient à se réunir pour un vote de confiance au nouveau gouvernement, ont rapporté les médias locaux. Les policiers ont utilisé les gaz lacrymogènes et usé des canons à eau afin d'éloigner les centaines de Libanais qui essayaient de bloquer l'accès à l'hémicycle. Selon le bilan officiel, au moins 370 personnes ont été blessées, dont 45 ont été hospitalisées, sans fournir d'autres détails sur le nombre de manifestants touchés par cette répression à répétition des manifestations pacifiques depuis le 17 octobre 2019. Selon les médias libanais, les affrontements d'hier ont provoqué un incendie au niveau d'une agence bancaire, située à proximité du quotidien local al-Nahar. Le calme n'a pu revenir qu'en milieu d'après-midi. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et canons à eau pour disperser les manifestants qui ont lancé des pierres sur les voitures de certains parlementaires et contre les murs érigés autour du Parlement, où certains députés avaient passé la nuit par peur d'être empêchés d'y accéder, comme cela avait été le cas la semaine dernière. Malgré cela, le quorum de 68 députés sur les 128 élus a été difficilement atteint. Cela dit, si l'on se fie aux déclarations de plusieurs parlementaires, le gouvernement formé par le Premier ministre désigné Hassan Diab a peu de chances de réussir à passer le test aussi bien au Parlement qu'au sein de la rue libanaise, qui réclame le départ de toute la classe politique au pouvoir depuis la fin de la guerre civile au Liban, il y a 30 ans. "Le député Michel Mouawad a estimé qu'il ne vote pas la confiance en ce gouvernement, car aujourd'hui, il n'est plus question de confiance ou pas, de gouvernement ou pas", a rapporté l'agence de presse officielle ANI. Pour les Libanais, un gouvernement de technocrates s'impose comme première solution à la crise que vit le Liban, avant d'aller vers un nouveau système de gouvernement qui mettra fin au régime confessionnel, en cours depuis trois décennies. Pays confessionnel, le Liban est victime des tiraillements confessionnels, attisés par l'ingérence étrangère et une économie chaotique. L'équipe actuelle, qui comprend des figures inconnues du grand public, a été formée au terme de plusieurs semaines de tractations âpres entre les partis qui jouissent de la majorité au Parlement, notamment le mouvement chiite Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) du président Michel Aoun. Alors que le nouveau Premier ministre a promis de porter les demandes de la rue, son gouvernement a été formé sur la base d'une attribution des portefeuilles selon des critères partisans et confessionnels, ayant longtemps alimenté la corruption et le clientélisme, selon la rue.