Rester sur ses habitudes est un péril qui risque de multiplier les foyers de contamination, donc de propagation du Covid-19. La menace que représente le Covid-19 ne semble pas inquiéter outre mesure nos concitoyens. Elle n'est franchement pas prise au sérieux. Le comportement de beaucoup d'entre eux n'est pas du tout rassurant. Pourtant, la menace est bien réelle. Alors que des pays fortement équipés, avec un système de santé des plus performants, trouvent du mal à faire face au Covid-19 et à stopper sa propagation, certains de nos concitoyens adoptent plutôt une réaction faite essentiellement de sarcasme et de moquerie. Nonobstant la situation quasi catastrophique qu'a provoquée le Covid-19 dans plusieurs pays développés, en Europe, notamment en Italie où l'on enregistre des centaines de victimes quotidiennement, en Algérie, le citoyen ne semble pas réagir. Rassemblements, cohues dans les marchés, fêtes de mariage, regroupements dans les cafés, les administrations, les bureaux de poste…, telles sont les habitudes que l'Algérien ne veut surtout pas changer. Même le confinement, seule solution contre la propagation du virus — la Chine en a donné l'exemple grâce au strict respect des consignes de confinement —, n'est pas vraiment respecté chez nous, les citoyens se regroupant comme si de rien n'était. Toutes les communications des services sanitaires, toutes les campagnes de sensibilisation, qui insistent sur la nécessité de changer ses habitudes et d'adopter de nouveaux comportements pour freiner l'expansion du Covid-19, n'ont pas eu l'effet escompté chez le citoyen. Dans plusieurs villes du pays, des familles entières célèbrent les noces de leurs enfants dans des salles fermées. L'exemple est le mariage célébré dans une salle des fêtes à Annaba, et un autre à Aïn Témouchent, où de nombreuses familles se sont regroupées. Dans les marchés, les épiceries et les supérettes, seul le rush sur les produits alimentaires donne l'impression que le citoyen s'est décidé à se confiner. Sauf que faire ses emplettes n'est surtout pas synonyme de prévention, tant les mesures préventives ne sont pas respectées. Même les citoyens rapatriés ont montré une opposition farouche contre la décision de leur mise en quarantaine, pourtant, avant leur embarquement, ils avaient signé un document qui les engageait à respecter les mesures sanitaires décidées par les autorités. Cet incivisme qui frise l'inconscience, dont font preuve les citoyens en bravant les consignes et les mesures de prévention, est un danger mortel du fait que cela multiplie les foyers de contamination et favorise ainsi la propagation rapide du Covid-19. Avec un système de santé dépassé et un manque de moyens insurmontable, la propagation du virus sera une hécatombe face à laquelle le pays est complètement dépourvu. Avec un système de santé des plus désuets, un manque de moyens criant, il ne reste que la volonté du personnel de santé pour faire face à une situation inédite. Cette volonté risque tout de même de s'amenuiser si une forte pression venait à s'exercer sur les hôpitaux et les structures de santé. Le confinement, tel qu'adopté par les pays les plus touchés et qui s'est avéré être le moyen efficace de lutte contre cette pandémie, doit être respecté. Le citoyen doit être responsabilisé. Il est, certes, du devoir des institutions de l'Etat de prendre en charge le volet de la sensibilisation, d'explicitation des mesures de prévention et de veiller à leur respect. Néanmoins, le citoyen est aussi responsable et il est de son devoir de respecter les mesures prises pour éviter la propagation du virus. La responsabilité est partagée. Le meilleur exemple est la suspension momentanée des manifestations de rue. Le degré de conscience avec lequel la rue a réagi à la pandémie en mettant en veille le mouvement ne doit pas être un effort collectif vain. Respecter les mesures de prévention et le confinement ne doit pas être considéré comme un acte militant, puisque la décision vient des autorités, mais plutôt comme une preuve d'une prise de conscience citoyenne.