La catastrophe a détruit une partie de la capitale libanaise et causé la mort de 171 personnes et fait 6000 blessés, selon un bilan officiel. Les autorités libanaises, à leur tête le président de la République, Michel Aoun, et le Premier ministre démissionnaire, Hassan Diab, auraient été informées, dès le mois de juillet, des dangers des 2 750 t de nitrate d'ammonium, entreposées depuis six ans dans le port Beyrouth, selon un rapport des services de sécurité libanais, consulté par l'agence Reuters. Selon des sources sécuritaires, "des responsables de la Sécurité libanaise ont prévenu le mois dernier le Premier ministre et le Président que 2 750 t de nitrate d'ammonium étaient conservées dans le port de Beyrouth et pourraient détruire la capitale en cas d'explosion". Deux semaines plus tard, l'explosion redoutée a eu lieu, engageant désormais la responsabilité des plus hautes autorités de l'Etat dans cette catastrophe qui a détruit une partie de la capitale et causé la mort de 171 personnes et fait 6000 blessés. Dans le détail, le rapport de la direction générale de la Sécurité de l'Etat fait référence à une lettre privée adressée au président Michel Aoun et au Premier ministre Hassane Diab le 20 juillet, selon toujours Reuters, qui ajoute, en citant un haut représentant des services de sécurité, que "les résultats d'une enquête judiciaire, débutée en janvier, concluait que les produits chimiques devaient être mis en sécurité immédiatement". "Il y avait un danger que ce matériau, s'il venait à être volé, soit utilisé pour une attaque terroriste", a déclaré encore à Reuters le haut représentant, sous le couvert de l'anonymat. "Je les ai prévenus que cela pourrait détruire Beyrouth en cas d'explosion", a poursuivi le représentant, impliqué dans la rédaction de la lettre. Ces éléments révélés viennent confirmer la "négligence", comme l'affirment les manifestants dans la rue, mais surtout impliquent la responsabilité directe des plus hautes autorités de l'Etat. Les révélations en place vont en outre, à coup sûr, exacerber la colère des Libanais qui continuent d'occuper la rue, plus d'une semaine après la catastrophe qui a endeuillé Beyrouth. Le Premier ministre Hassan Diab a remis certes, lundi soir, la démission de son gouvernement, mais force est de constater que la population, déjà accablée par une grave crise socioéconomique, sur fond de crise sanitaire, continuera de réclamer la traduction des responsables devant les tribunaux tout en exigeant le départ de toutes les figures du système, y compris le président de la République, Michel Aoun. Depuis une semaine, il ne se passe pas un jour sans que les Libanais ne sortent en masse dans les rues de la capitale pour exprimer leur colère contre l'incurie, l'incompétence et la corruption des représentants de l'Etat. Hier, pour beaucoup de Libanais, la démission du gouvernement ne résoudra pas le problème si le président ne fait que désigner, comme à l'accoutumée, un nouveau Premier ministre qui se chargera à son tour de former un gouvernement, après consultation d'un Parlement totalement "illégitime" et "discrédité" par des milliers de manifestants depuis plus d'un an.