Des chefs d'Etat et des organisations internationales ont promis dimanche quelques 300 millions de dollars d'aide d'urgence au Liban, conditionnant, toutefois, les financements à la reconstruction de Beyrouth à une palette de réformes politiques et économiques que le pays doit engager. Les 30 participants à cette visioconférence de soutien au Liban se sont mis d'accord sur un plan d'urgence de 252,7 millions d'euros (environ 300 millions de dollars) d'aides immédiates accordées sans conditions avec la promesse qu'elles soient directement versées aux populations dévastées par la double explosion de la zone portuaire. "En cette période atroce, le Liban n'est pas seul", ont assuré les Etats-Unis et la France dans leurs déclarations finales, clôturant la conférence. Pour autant, les donateurs ont clairement signifier que l'aide destinée à la reconstruction de Beyrouth est tributaire des réformes politiques et économiques que le Liban doit mener pour sortir de son marasme économique. Outre l'Union européenne qui s'est engagée à hauteur de 60 millions d'euros afin de répondre aux "besoins les plus pressants", le Qatar a promis 50 millions de dollars et la France 30 millions d'euros. En parallèle, de nombreux observateurs estiment que l'explosion dévastatrice qui a ébranlé Beyrouth mardi dernier, faisant 158 morts 6.000 blessés ne serait pas sans conséquences sur l'échiquier politique libanais, alors que deux ministres ont déjà démissionné mettant le gouvernement dans une situation délicate. Lire aussi: Les explosions à Beyrouth ravivent la contestation au Liban Face à l'ampleur du drame et l'ire de la population, qui réclame depuis des mois des changements profonds au Liban, la ministre de l'Information, Manal Abdel-Samad a présenté sa démission. "Je m'excuse auprès des Libanais, nous n'avons pu répondre à leurs attentes", a-t-elle écrit dans sa lettre de démission. Peu après sa démission, le ministre de l'Environnement et du développement administratif, Damianos Kattar, annonçait lui aussi son départ du gouvernement. Des tractations politiques engagées par le premier ministre libanais, Hassan Diab, ont eu pour résultat de ralentir la vague de démission des membres de son gouvernement, alors qu'une réunion de son cabinet est prévue pour lundi. Il avait rencontré dimanche dans la journée plusieurs ministres. Selon les premières informations, l'explosion de mardi aurait été causée par 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées depuis six ans au port de Beyrouth "sans mesures de précaution", de l'aveu même de M. Diab. Des quartiers entiers de Beyrouth ont été dévastés par l'explosion, accentuant la crise socio-économique du Liban.