Le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, affirme refuser "catégoriquement" le recours à l'endettement extérieur. Une partie des réserves officielles de change dont dispose encore l'Algérie pourrait être injectée directement dans l'économie pour contribuer au financement de l'investissement. C'est, en effet, ce qu'a annoncé hier le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de l'ouverture des travaux de la conférence nationale sur le plan de relance économique qui réunit, durant deux jours, les membres du gouvernement avec des représentants d'organisations patronales et de la Centrale syndicale. Ainsi, le chef de l'Etat a évoqué clairement la possibilité d'injecter, durant l'année en cours, un montant de l'ordre de 10 à 12 milliards de dollars de réserves de change dans des financements d'investissements. Dans cet ordre d'idées, le président de la République a indiqué que l'encours total de ces réserves en devises, représentant l'épargne du pays, "se situe actuellement à 57 milliards de dollars", contre un stock d'environ 62 milliards de dollars au début de l'exercice en cours. Outre la possibilité de puiser dans les réserves officielles de change, Abdelmadjid Tebboune a également fait état de "disponibilités bancaires" évaluées à 1 900 milliards de dinars pouvant également servir à financer l'investissement. Jugeant "difficile", mais "supportable" la situation financière actuelle du pays, le président de la République a, par ailleurs, avancé des prévisions de recettes pétrolières de l'ordre de 24 milliards de dollars à fin 2020, la loi de finances complémentaire, a-t-il tenu à rappeler, étant basée sur un prix de référence du baril à 30 dollars, tandis que les cours du Brent sur le marché évoluent désormais autour de 44 dollars le baril. Dans le même ordre d'idées, Abdelmadjid Tebboune a rejeté formellement l'idée d'un recours à une quelconque forme de financement extérieur, signifiant refuser "catégoriquement" l'endettement auprès du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale et même auprès de pays amis et frères "pour préserver notre souveraineté entière", a-t-il tenu à justifier. À rappeler que la possibilité de recourir à des financements externes auprès d'institutions financières multilatérales pour financer des projets d'investissement structurants et rentables avait pourtant été officiellement rétablie à travers la loi de finances pour 2020. Cette possibilité reste d'ailleurs légalement en vigueur et est même vivement soutenue par la plupart des économistes, au vu des grandes difficultés financières auxquelles est confronté le pays depuis le contre-choc pétrolier de la mi-2014 et qui se sont sévèrement aggravées, ces quelques derniers mois, sous l'effet de la crise sanitaire et de la chute brutale des prix du pétrole qui s'en est suivie. S'agissant de l'option de prélèvement de 10 à 12 milliards de dollars envisagée sur les réserves de change pour contribuer au financement de l'investissement, nombre d'experts en économie et finances, à l'instar de Raouf Boucekkine, l'ont également vivement suggérée, tant qu'il s'agirait de financer des projets de développement rentables et productifs. À noter, enfin, que selon les prévisions arrêtées initialement à travers la loi de finances pour 2020, les réserves de change de l'Algérie continueront à se contracter pour atteindre 51,6 milliards de dollars à la fin de l'exercice en cours, soit l'équivalent d'une couverture pour un peu plus d'une année d'importations. L'effondrement du matelas de devises du pays devrait cependant suivre une tendance encore plus accélérée, en raison de la dégradation de la conjoncture pétrolière depuis le début de l'année en cours dans le sillage de la crise sanitaire liée à la Covid-19.