"Il m'a été donné de constater que des déclarations ont été faites à titre individuel (...). Ces opinions se déclinent en fait comme des initiatives personnelles qui n'engagent en aucun cas la responsabilité du Comité scientifique", a pesté le ministre de la Santé. Les commentaires développés par certains responsables autour de la campagne de vaccination contre le coronavirus ou encore les propos contradictoires tenus par d'autres quant à ce traitement n'ont pas été, apparemment, du goût des autorités sanitaires en charge de la gestion de ce dossier sensible. Pour preuve, le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid n'a pas manqué l'opportunité de la journée d'étude organisée, avant-hier, sur la "surveillance des décès maternels", pour mettre les points sur les "i" et, par-delà, donner un coup d'arrêt à la grosse confusion qui a éclaté autour de la stratégie vaccinale contre la Covid-19. Evoquant la crise sanitaire, le ministre rappellera, en effet, à l'assistance du jour que "parallèlement aux grandes missions accomplies avec dévouement par le personnel soignant sur le terrain de la lutte contre le coronavirus, le Comité scientifique, que je préside personnellement, n'a ménagé aucun effort et a toujours répondu présent pour faire face aux exigences de la situation, et ce, en élaborant des recommandations. Lesquelles recommandations ne sont présentées qu'uniquement par son représentant légal tel que défini par les textes de loi", martèlera, sans détour, Abderrahmane Benbouzid, avant de poursuivre pour dénoncer, en des termes à peine voilés, toute la cacophonie entretenue par certains autour de la date du début de la vaccination ou de la gratuité du vaccin. "Il m'a été donné de constater que des déclarations ont été faites à titre individuel. Ces mêmes déclarations ne représentent qu'une opinion de leurs auteurs. Ces opinions se déclinent, en fait, comme des initiatives personnelles qui n'engagent en aucun cas la responsabilité du Comité scientifique", a-t-il tonné. Cette déclaration est pratiquement passée inaperçue. Puisque même l'agence officielle, l'APS, a fait l'impasse sur ce passage, aussi éloquent que révélateur, dans le compte rendu faisant état de la journée d'études consacrée aux décès maternels. Pourtant, l'agence officielle a réservé, dans la dépêche diffusée avant-hier, de longs extraits aux propos du ministre de la Santé, notamment lorsqu'il est revenu sur les dix longs mois de lutte contre la Covid-19. Cette censure "inédite" mérite d'être relevée. Pourquoi a-t-on décidé de censurer quelques propos tenus par Benbouzid ? A priori, ces propos censurés sonnent, vraisemblablement, comme un "basta", et ce, pour que cessent définitivement ces interférences protocolaires scientifiques. Les termes du discours, qui viennent rappeler que l'autorité sanitaire est représentée par Abderrahmane Benbouzid, ont été choisis, semble-t-il, pour désapprouver l'incartade commise par ces responsables de structures qui gravitent autour du secteur de la santé. Ces mêmes responsables se sont prononcés, par médias interposés, sur le profil ou la nature du vaccin et ils ont avancé la date du début de la campagne de vaccination. Alors que le rôle de tout un chacun est défini sur papier. Une sorte de controverse qui ne dit pas son nom est née autour du meilleur vaccin à choisir et du calendrier de vaccination. Chacun y va de sa version et de ses arguments. Le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, avait déclaré la semaine passée, selon le quotidien Ennahar, que l'Algérie était en phase de négociations avec un certain nombre de pays et d'entreprises étrangères produisant le vaccin, en citant "la Russie, la Chine, ainsi que l'Angleterre", rapporte le quotidien arabophone. Autant dire que l'Algérie a fait son choix et importera son vaccin chez un fournisseur de ces trois pays précités. Alors que le ministre de la Santé a clairement signifié, dans un entretien paru samedi 5 décembre dans Liberté, que le gouvernement s'est inscrit dans la formule Covax d'achat groupé du vaccin, sous la conduite de l'ONU. "L'Algérie est engagée, au même titre que 172 pays, dans ce programme de l'ONU qui se décline comme une alliance internationale conçue pour garantir un accès au niveau mondial des vaccins", a-t-il expliqué. Pour sa part, le Pr Kamel Senhadji, directeur général de l'agence, est allé, selon la radio locale de Sétif, jusqu'à déclarer que le vaccin sera gratuit et sera un préalable à la réouverture des frontières. "Il n'y a pas d'échéancier de livraison proprement dit qui a été établi par Covax. C'est justement sur la base des états comparatifs transmis par les pays membres que l'agence de l'ONU va acheter pour le compte de 192 pays", a encore précisé M. Benbouzid à Liberté. Le discours d'avant-hier de Benbouzid se veut, enfin, un rappel à ceux qui feignent d'oublier qu'il est, sans le dire ouvertement, toujours ministre de la Covid et ministre du vaccin anti-Covid. Puisque le Premier ministre avait mis, lors du Conseil interministériel du 30 novembre, un terme à la "polémique" qui a éclaté autour de la gestion du dossier du vaccin, en affirmant que "le choix du produit revient en premier lieu à l'autorité sanitaire". L'autorité sanitaire en Algérie est incarnée, jusque-là, par le ministre de la Santé. Pour preuve, Abdelaziz Djerad a désigné Abderrahmane Benbouzid en qualité de président d'une des deux task-forces. Ce dernier a la charge de définir la stratégie de vaccination anti-Covid, alors que le ministre de l'Intérieur a été nommé président de la seconde task-force, chargée de préparer l'organisation de la logistique nécessaire à la distribution du vaccin. C'est dire, enfin, que les rôles et les missions de tout un chacun sont clairement déterminés, puisque le ministre de l'Industrie pharmaceutique, le directeur général de l'Agence de la sécurité sanitaire ou encore le ministre délégué chargé de la Réforme hospitalière sont membres de cette organisation opérationnelle spécifique présidée par Abderrahmane Benbouzid.