Deux mois après le scrutin, Donald Trump refuse toujours de concéder sa défaite à la présidentielle inédite du 3 novembre 2020. La diffusion dimanche d'un enregistrement de Donald Trump, qui demande à un responsable électoral de "trouver" des bulletins de vote pour la présidentielle à son nom, a suscité une onde de choc à Washington. Deux mois après le scrutin, Donald Trump refuse toujours de concéder sa défaite et, samedi, il a appelé Brad Raffensperger, le républicain en charge des élections en Géorgie, cet Etat du Sud, pour tenter de le rallier à sa cause. "Il n'y a pas de mal à dire que vous avez recalculé", peut-on l'entendre dire sur un enregistrement de la discussion réalisé à son insu et rendu public par le Washington Post, puis d'autres médias. "Tout ce que je veux, c'est trouver 11 780 bulletins", ajoute-t-il, soit à peu près l'avance dont dispose Joe Biden en Géorgie, confirmée par un recomptage et des audits. Répétant des accusations de fraudes dont il n'a jamais apporté la preuve et qui ont été balayées par les tribunaux, le milliardaire républicain justifie ses demandes par sa conviction que l'élection lui a été "volée". Invoquant des "rumeurs" de fraudes, Donald Trump a jugé, d'une voix étranglée par l'émotion, "injuste que l'élection (lui) ait été volée". "Vous savez ce qu'ils ont fait et vous n'en parlez pas : c'est un délit, vous ne pouvez pas laisser ça avoir lieu, c'est un gros risque pour vous", a-t-il ajouté, menaçant. Brad Raffensberger, qui était accompagné d'un avocat de l'Etat, n'a pas cédé. "Nous pensons que nos chiffres sont bons", a-t-il sobrement rétorqué. La diffusion de cet enregistrement, que la Maison-Blanche n'a pas souhaité commenter, a immédiatement suscité une onde de choc à Washington."Le mépris de Trump pour la démocratie est mis à nu", a notamment commenté l'élu démocrate, Adam Schiff, jugeant ses pressions "potentiellement répréhensibles". Sa consœur Debbie Wasserman Schultz a dénoncé l'acte d'un "président désespéré et corrompu". "C'est accablant", a, pour sa part, tweeté l'élu républicain, Adam Kinzinger, en appelant les membres de son parti à ne pas suivre le président dans sa contestation des résultats. "Vous ne pouvez pas faire ça en ayant la conscience tranquille", leur a-t-il lancé. Donald Trump s'est lancé dès novembre dans une croisade pour nier la victoire de Joe Biden, mais a essuyé des échecs systématiques devant la justice et auprès des élus locaux, y compris républicains, qui ont tenu face à ses pressions. Le collège électoral a déclaré le 14 décembre la victoire au démocrate avec 306 grands électeurs contre 232 au président sortant, un score qui doit être certifié demain au Congrès en vue de la prestation de serment du 46e président des Etats-Unis le 20 janvier. Par ailleurs, les dix anciens secrétaires américains à la Défense actuellement en vie se sont prononcés contre toute implication des forces armées dans la transition politique en cours, dans un article publié dimanche par le Washington Post. Les dix anciens chefs du Pentagone, Ashton Carter, Leon Panetta, William Perry, Dick Cheney, William Cohen, Donald Rumsfeld, Robert Gates, Chuck Hagel, James Mattis et Mark Esper, ont appelé dans cette tribune le Pentagone à s'engager en faveur d'un transfert pacifique du pouvoir. "Des efforts en vue d'impliquer les forces armées américaines dans la résolution de différends électoraux nous conduiraient dans un territoire dangereux, illégal et non constitutionnel", estiment les signataires, dont deux, MM. Mattis et Esper, ont été nommés au Pentagone par Donald Trump.