Le harcèlement judiciaire contre la militante Amira Bouraoui se poursuit. Après avoir purgé une peine de prison l'an dernier, celle qui s'est fait connaître par son engagement contre le président déchu Abdelaziz Bouteflika sera jugée demain par le tribunal de Chéraga. Sous contrôle judiciaire depuis octobre dernier, Amira Bouraoui est poursuivie, dans deux affaires, pour, entre autres, "outrage à un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions", "atteinte au président de la République", "atteinte aux préceptes de l'islam et au prophète" et "diffusion d'informations susceptibles d'attenter à l'ordre public". Pour ce dernier grief, Amira Bouraoui, en sa qualité de médecin, avait dénoncé, sur Facebook, la gestion de la crise sanitaire par les autorités. En somme, la militante fait face à de multiples poursuites pour ses écrits dans les réseaux sociaux. Des accusations punies par les articles 144 bis et 196 du code pénal. À noter qu'elle fait face, également, à des plaintes déposées contre elle par le patron du groupe de presse Ennahar, Anis Rahmani, actuellement en détention. Interrogée sur ces affaires, Amira Bouraoui estime qu'elle est libre d'écrire ce qu'elle veut sur sa page Facebook. "Je n'ai jamais forcé quelqu'un à me lire et à suivre mes écrits sur ma page Facebook, surtout que si mes écrits choquent", a-t-elle dit. Me Aouicha Bekhti, avocate d'Amira Bouraoui, a estimé, pour sa part, qu'un citoyen "est libre d'exprimer ses idées sans être inquiété". "On ne peut attaquer quelqu'un parce qu'il a exprimé une idée ou une opinion qu'on ne partage pas", a ajouté l'avocate. À noter qu'en juin dernier, Amira Bouraoui avait été condamnée à un an de prison ferme avant de bénéficier d'une remise en liberté. Elle était poursuivie pour "incitation à attroupement non armé", "offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l'islam", "offense au président de la République par une expression outrageante, injurieuse ou diffamatoire", "publication pouvant porter atteinte à l'unité nationale", "informations ou nouvelles, fausses ou calomnieuses susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l'ordre public", "incitation à la violation délibérée et manifeste d'une obligation de prudence ou de sécurité édictée par la loi ou le règlement, exposant directement la vie d'autrui ou son intégrité physique à un danger".