Avant son arrestation, la militante avait fait objet d'une campagne de dénigrement. Sur les réseaux sociaux et sur des chaînes de télévision privées. Arrêtée mercredi dernier chez elle à Alger et présentée hier en comparution immédiate au tribunal de Chéraga, à Alger, la militante et médecin Amira Bouraoui a été condamnée à un an de prison ferme et incarcérée. Plus tôt dans la journée, le procureur de la République avait requis contre elle 18 mois de prison ferme. Selon ses avocats, la gynécologue est poursuivie pour "incitation à attroupement non-armé", " offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l'Islam", "offense au président de la République par une expression outrageante, injurieuse ou diffamatoire", "publication pouvant porter atteinte à l'unité nationale", diffusion d'" informations ou nouvelles, fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l'ordre publics" et incitation à la "violation délibérée et manifeste d'une obligation de prudence ou de sécurité édictée par la loi ou le règlement, expose directement la vie d'autrui ou son intégrité physique à un danger" . Amira Bouraoui, qui avait été arrêtée mercredi matin chez elle, à Alger, a été placée en garde à vue à la gendarmerie de Chéraga, à l'Ouest d'Alger. Avant son arrestation, Amira Bouraoui a déjà été condamnée, en première instance, à une peine de 2 mois de prison ferme dans une affaire de diffamation qui l'oppose à Anis Rahmani, le patron du groupe Ennahar, qui se trouve, lui, en détention depuis plusieurs mois. Elle a fait appel. Principale figure du mouvement Barakat, créé en 2014 pour s'opposer au 4e mandat d'Abdelaziz Bouteflika, Amira Bouraoui s'est imposée ces dernières années comme une des icônes de l'opposition algérienne. Elle a également pris part à la création du mouvement Mouwatana qui s'est opposé au cinquième mandat de Bouteflika. Une position qui lui a souvent valu des attaques de proches du pouvoir. Pis encore, à cause notamment de ses prises de position contre le pouvoir, elle a eu de sérieuses difficultés à exercer son métier de médecin gynécologue. Sa demande d'effectuer son "service civil" dans une structure hospitalière proche de son domicile lui ayant été refusée, elle est dans l'impossibilité d'exercer ni dans le secteur public ni dans le privé. Cette épreuve s'ajoute à la perte de son père, éminent cardiologue et ancien militaire. Elle s'est distinguée ces derniers mois par des publications acérées sur les réseaux sociaux. Avant son arrestation, la militante avait fait l'objet d'une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux et sur des chaînes de télévision privées. Même sa famille n'a pas échappé à ces attaques.