Les côtes “barbaresques”, pour utiliser un terme très en vogue à l'époque, ont toujours été convoitées par les pays de l'Europe méridionale. Indépendamment des Espagnols qui ont occupé Oran par deux fois, des Français qui occuperont tout le pays plus tard, les Portugais aussi ont eu les yeux plus grands que le ventre puisqu'ils envahiront Ghazaouet sans même prévenir. La défaite immédiate et cuisante qu'ils essuyèrent alors, les dissuada à jamais de renouveler pareille expérience. C'est curieux, mais les historiens et particulièrement les nôtres, sont toujours restés muets et discrets sur cet épisode. Les Espagnols, finalement, ne sortiront d'Oran ni par les armes ni par les négociations. C'est la peste, la peste noire qui les fera détaler sans espoir de retour. En fait, cette lèpre importée du Moyen-Orient par les pèlerins, fera autant de victimes chez les habitants que chez les occupants. Pour se prémunir et échapper à l'épidémie, l'état-major expéditionnaire battra le rappel de tous les combattants qui seront confinés au sein de leur fort. Il y aura bien une garde à l'extérieur du fort mais pas pour longtemps, car beaucoup d'entre eux disparaîtront mystérieusement. Un Caballero témoignera auprès de ses chefs avoir vu un énorme serpent, peut-être un anaconda, broyer et manger littéralement un soldat en faction. Un anaconda en plein Murdjadjo ? Après tout, pourquoi pas puisque la montagne regorgeait de léopards et surtout de lions. N'oublions pas que nous ne sommes qu'à la fin du moyen-âge et que le massif oranais était à l'état naturel, brut. Vrai ou faux, mais l'histoire de l'anaconda ou du gigantesque serpent qui lui ressemble jettera une incroyable frayeur dans la garnison qui avait rompu toute relation avec le monde extérieur. M. M.