Le nouveau maître de Niamey s'est engagé avec un programme de lutte contre l'analphabétisme, la précarité, la corruption ainsi que la lutte antiterroriste, de la réalisation desquels dépend l'issue des premiers défis dans ce pays considéré parmi les plus pauvres dans le monde. Le nouveau président du Niger, Mohamed Bazoum, a prêté serment vendredi dernier et définit ses priorités au cœur desquelles il a placé la sécurité, le développement de ce pays qui fait figure de l'un des plus pauvres au monde, et l'éducation, en particulier "la scolarisation des jeunes filles", de même qu'il a promis qu'il se montrerait "implacable" envers la corruption qui gangrène son pays. Cette intronisation du président élu démocratiquement intervient dans une conjoncture de crise, notamment peu après "une tentative de coup d'Etat", que Bazoum a qualifiée de "très révélatrice de l'état d'esprit de certains de nos compatriotes (...) prêts à compromettre l'avenir de notre pays", en espérant "la fin des tentations putschistes et insurrectionnelles". Cela a lieu aussi alors que ce pays sahélien est sous la menace d'attaques terroristes. Le Niger est "confronté à l'existence de groupes terroristes dont la barbarie vient de dépasser toutes les bornes" et qui "se livrent à des massacres de civils innocents à grande échelle, commettant à l'occasion de vrais crimes de guerre", a déclaré dans son discours d'investiture M. Bazoum, très proche de son prédécesseur Mahamadou Issoufou. Il a affirmé que les chefs de ces groupes venaient "d'autres pays. Jamais aucun chef terroriste n'a fait cas de griefs contre notre Etat, encore moins formulé la moindre revendication en sa direction". Le Niger fait face à des attaques du groupe nigérian Boko Haram et des groupes affiliés à l'Etat islamique (EI) et à Al-Qaïda, qui se sont multipliées depuis le début de l'année, faisant plus de 300 personnes tuées dans trois séries d'attaques contre des villages et des campements de l'ouest du Niger. La dernière de ces attaques de grande ampleur, le 21 mars dans la région de Tahoua, a fait 141 morts dans trois villages touareg et des campements alentour. Concernant le combat contre les groupes jihadistes au Mali, il "sera très difficile aussi longtemps que l'Etat malien n'aura pas exercé la plénitude de sa souveraineté" sur les régions de Gao ou Ménaka (Nord-Est), a jugé M. Bazoum. "La situation actuelle du Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure de notre pays", a-t-il insisté, ajoutant : "C'est pourquoi notre agenda diplomatique sera centré sur le Mali." Le nouveau chef de l'Etat a promis d'engager "les actions qu'il faut pour mettre rapidement fin aux souffrances des populations" dans les régions frappées par les violences jihadistes. Le passage de relais entre MM. Issoufou et Bazoum a été le premier entre deux présidents démocratiquement élus. Saluant en son prédécesseur un "dirigeant exceptionnel", M. Bazoum a relevé qu'il avait "accepté de quitter le pouvoir de bonne grâce". Le département d'Etat américain a salué dans un communiqué cette "transition du pouvoir historique" comme "une étape significative pour la démocratie au Niger". M. Bazoum, 61 ans, a été élu à l'issue du second tour de la présidentielle du 21 février avec plus de 55% des voix face à un ancien président, Mahamane Ousmane, qui n'a pas reconnu sa défaite et a appelé à des "manifestations pacifiques". Dans son discours, le nouveau président s'est déclaré "disposé à un dialogue constructif" avec son rival en vue de parvenir à "un climat politique apaisé".