Les 117 opérateurs privés chargés de la collecte des ordures ménagères au chef-lieu de wilaya, qui avaient patienté plus de deux ans dans l'espoir de récupérer leurs créances détenues auprès de la commune d'Oran, ont finalement jeté l'éponge le mardi 11 janvier en cours. Les rues de la ville d'Oran sont devenues un vrai dépotoir. Des ordures qui s'entassent souvent à même le sol faute de bacs à ordures, des sacs-poubelles éventrées, des odeurs nauséabondes ; le spectacle désolant qui perdure depuis plusieurs jours semble presque anodin. Partout c'est le même constat. Que ce soit au centre-ville ou dans les quartiers périphériques, la collecte des ordures ménagères ne se fait plus. Une situation qui pourrait encore persister dans les prochaines semaines, vu que les autorités locales ne proposent aucune solution immédiate pour régler un problème d'une extrême urgence. Cette situation, qui est une conséquence de la mauvaise gestion du dossier de la collecte des ordures domestiques, intervient à un moment inopportun : entre la cure d'austérité imposée par le gouvernement et l'approche à grands pas des Jeux méditerranéens prévus en juin 2022 à Oran, les autorités locales apparaissent aujourd'hui en mauvaise posture. Les 117 opérateurs privés chargés de la collecte des ordures ménagères au chef-lieu de wilaya, qui avaient patienté plus de deux ans dans l'espoir de récupérer leurs créances détenues auprès de la commune d'Oran, ont finalement jeté l'éponge le mardi 11 janvier en cours. Leurs délégués annoncent que ce énième arrêt de travail est "définitif", vu qu'"aucune solution n'est envisagée par les autorités locales pour assainir leur situation". Les créances de ces opérateurs privés détenues dans la seule commune d'Oran avoisinent les 30 milliards de centimes. Les concernés, qui avaient espéré une intervention du chef de l'exécutif local pour débloquer la situation, ont rapidement déchanté. "Le wali d'Oran a fermé la porte à toute négociation sur les créances. Il nous a même conseillés de saisir la justice pour récupérer les dettes de 2020 et de 2021", confient les délégués des opérateurs privés de collecte des ordures. Après avoir vu tous leurs espoirs de percevoir leurs créances de deux ans enterrés, les concernés viennent de recevoir le coup de grâce. Les communes ont reçu l'ordre de ne plus renouveler aucun contrat avec les opérateurs privés. Les services de la wilaya ont élaboré un nouveau cahier des charges, qualifié par les opérateurs privés de "contraignant", pour l'octroi des marchés de collecte des ordures ménagères. Les autorités locales se sont aussi montrées intransigeantes suite à la grève brusque des 700 éboueurs de l'Epic Oran Propreté, un établissement public chargé de la collecte des ordures dans le groupement d'Oran, qui n'avaient pas perçu leurs salaires depuis deux mois. Après avoir limogé le directeur de cet établissement et désigné un nouveau gestionnaire, qui a démissionné après deux jours, le chef de l'exécutif local a décidé la dissolution pure et simple de cet établissement public. La collecte des ordures ménagères incombe désormais aux seules communes qui doivent se dépêtrer par leurs propres moyens. Seulement, presque toutes les communes de la wilaya sont déficitaires et les aides octroyées régulièrement par les autorités locales sont englouties contre peu de résultats sur le terrain. Des employés du service de nettoiement de la commune d'Oran que nous avons interrogés soutiennent qu'ils exercent dans des conditions "terribles", tout en percevant des salaires de misère qui n'arrivent plus à satisfaire le strict minimum à leurs familles. Ces employés n'ont pas bénéficié de tenues de protection depuis presque cinq ans. Ni tenues de travail, ni chaussures, ni moyens de protection, encore moins une prime pour les risques sanitaires en ces temps de pandémie.