109 947 ont été enrôlées durant l'année judiciaire écoulée par seulement une soixantaine de magistrats. L'évolution effarante de la criminalité a son reflet dans les statistiques dévoilées régulièrement par les services de sécurité et la justice. Réputée pour être la plus encombrante du pays, la cour d'Alger vit à un rythme marathonien où se succèdent les procès. Pour sa soixantaine de magistrats, la cadence est effrénée. Durant l'année judiciaire écoulée, 102 474 sur 109 947 affaires — relevant de la juridiction criminelle — ont été tranchées. Les instructions données par le président de la République enjoignant les juges d'une plus grande célérité dans la gestion des procès ont accentué la pression. Reprenant à son compte les assertions de Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des sceaux, M. Boufercha, président de la cour d'Alger a mis l'accent sur la réduction à quatre mois des délais impartis au traitement de chaque affaire, depuis son enregistrement jusqu'à son jugement. Au cours d'une cérémonie qu'il a présidée, hier matin, au tribunal de Sidi-M'hamed à l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire, le haut magistrat a présenté à ses pairs ainsi qu'à des membres du barreau, les grandes lignes et les avancées de la réforme. S'il ne dit pas comment les changements ont été mis en œuvre dans sa propre juridiction, M. Boufercha y décèle des faits distinguant, également, les autres cours du pays, comme l'ampleur prise dans l'exécution des décisions de justice, notamment dans les juridictions civiles, à hauteur de 90%. Toujours dans le civil, 34 284 sur 40 899 dossiers ont été jugés. Le reste des affaires en suspens, soit près de 6 000 s'ajouteront à celles enregistrées durant cette année. Dans les faits, l'année judiciaire a débuté, il y a un peu plus de deux mois. La session criminelle s'ouvrira, quant à elle, dans quelques jours. À la question de savoir si des affaires liées au terrorisme sont enrôlées, un membre du conseil affirme que cela est probable. Durant la précédente session, deux procès très médiatiques ont singularisé la cour d'Alger. Il s'agit des affaires Bachir frik, ancien wali d'Oran et de l'“émir” du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) Abderazak El-Para, de son vrai nom Amar Saïfi. Le premier a été condamné à huit ans de prison pour détournement de deniers publics. Le second, qui pourtant a été livré aux autorités algériennes par le Tchad, a été jugé par contumace. À ce jour, l'opinion ignore où il se trouve. Très perplexe, le pouvoir judiciaire n'a pas été en mesure d'expliquer cette équivoque. En dehors des “affaires”, l'autre fait marquant de l'année écoulée est lié à la grogne des robes noires qui avaient menacé de grève au printemps pour contester le mépris dont elles se disaient victimes au sein de la cour. Depuis, les relations entre avocats et magistrats semblent s'améliorer. Parmi les hôtes du président du conseil, hier, figurait le bâtonnier Silini. Samia Lokmane