Synthèse de Samir Azzoug Le ministère de la Justice fait état d'une baisse de la criminalité en Algérie. Entre 2006 et 2008, une réduction de 5,53% du taux de criminalité a été constatée par l'institution, a relevé hier l'APS, d'après les déclarations de M. Lakhdari Mokhtar, directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice. Cette baisse s'expliquerait, selon le responsable, par les amendements apportés au code pénal en 2006. L'alourdissement des peines pour le vol et vol suivi d'agression (entre 2 et 10 ans de prison) ainsi que la loi sur la prévention et la lutte contre la corruption ajoutée en 2006, ont donné des résultats satisfaisants. Ainsi, selon les statistiques présentées par M Lakhdari, l'année 2006 a vu l'enregistrement de 785 390 crimes de toutes sortes, un chiffre qui a décru pour atteindre 741 956 en 2008. Les crimes portant atteinte à la sûreté de l'Etat et l'intégrité territoriale ou à la stabilité des entreprises, sont passés de 460 cas en 2008 contre 698 en 2006. Pour les mêmes dates, les affaires liées aux fonds ont diminué de 118 187 à 84 638 et celles liées au trafic de drogue de 17 650 à 14 814. S'agissant de la corruption, 818 affaires ont été traitées en 2006 avec 930 personnes condamnées contre 807 en 2008 avec 1 694 personnes condamnées (les crimes liés à la corruption ont baissé de 1 387 à 787 affaires en 2008). Une hausse, par contre, a été enregistrée dans les crimes liés au faux et usage de faux, puisqu'ils passent de 4 788 à 5 642. Si les chiffres ainsi présentés par le directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice présentent une avancée importante dans le domaine de la lutte contre la criminalité grâce, entre autres à la mise à niveau des textes de loi, il demeure que ce son de cloche n'est pas tout à fait celui de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Cette dernière affiche sur son site Internet des statistiques révélant le contraire. Sur un tableau intitulé «statistiques globales de la criminalité par année», le nombre d'affaires enregistrées en 2006 était de 126 286 contre 130 068 en 2008. Soit une augmentation presque régulière. Lors de la présentation du bilan des activités des services de la Sûreté de la wilaya d'Alger, en janvier dernier, il était fait état de la diminution de la petite et moyenne criminalité et d'une augmentation de la grande criminalité et du crime organisé. Une mutation qui a poussé les forces de l'ordre et les magistrats à s'adapter à ces nouveaux fléaux. Lors des journées d'étude qui ont débuté dimanche dernier, organisées par la direction de la police judiciaire en coordination avec le ministère de la Justice sur «la coordination au titre des investigations internationales», dont l'objectif avoué est la redynamisation de la coopération en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière, M Lakhdari a salué le niveau de coopération entre les juridictions algériennes et le bureau d'Interpol en Algérie dans la lutte contre le crime organisé. De son côté, le commissaire divisionnaire Lamara Belkacem a souligné l'importance du travail de coopération internationale «qu'il s'agisse du volet judiciaire ou opérationnel et la nécessité d'œuvrer à trouver les moyens à même de développer la coopération concernant les mandats d'arrêt, les commissions rogatoires et les demandes d'assistance judiciaire» et de poursuivre : «[cette coopération] doit se faire conformément à la législation algérienne et aux conventions conclues aux plans bilatéral, régional, international ou sous l'égide de l'ONU». «Le ministère de la Justice active par le truchement de la police judiciaire à la redynamisation de la coopération internationale pour la lutte contre le crime organisé conformément à la stratégie globale et efficace adoptée par le corps de sécurité national en coordination avec les différents services associés», a-t-il ajouté. M Lamara précise : «L'Algérie n'a ménagé aucun effort pour fournir les moyens matériels et humains à même de lutter contre le crime organisé en coordination entre juristes et éléments de la police judiciaire» qu'il a qualifiés de «fer de lance de cette stratégie», note l'APS. Par ailleurs, il a mis l'accent sur la nécessité de redynamiser la coordination pour la lutte contre ce mal entre le secteur de la justice et la police judiciaire. Notons que le nombre de demandes d'assistance judiciaire dans les affaires pénales, en matière de lutte antiterroriste, émises par l'Algérie en 2007, s'élève à 17 demandes adressées à des pays membres de l'UE contre 30 demandes adressées aux mêmes pays en 2008, et 17 autres destinées à des pays du Bassin méditerranéen. La rencontre de trois jours, qui a débuté dimanche dernier, porte sur les questions ayant trait à la coopération judiciaire internationale notamment en matière d'extradition et de mandats d'arrêt internationaux, et sera sanctionnée par des recommandations et l'élaboration d'un guide opérationnel qui servira de «référence dans l'action de la police judiciaire».