Le président de la ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a révélé “la spécificité” du discours des dirigeants algériens sur la femme. “L'Algérie présente un visage bicéphale aujourd'hui. Elle reconnaît la plénitude de la citoyenneté, confirmée d'ailleurs par la réalité qui est positive et progressiste, mais l'Algérie est aussi habitée par la schizophrénie. Elle est schizophrène, parce qu'elle a enfanté un code de la famille qui maintient la femme dans une position d'incapacité”, a déclaré Me Hocine Zahouane, lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier à Alger, au siège de son organisation. Malgré les Constitutions de 1963, 1976, 1989 et 1996, qui consacrent le principe d'égalité citoyenne entre les hommes et les femmes, celui-ci est, selon lui, “mis en défaut par le code de la famille”. “Dans un pays qui aurait un dispositif constitutionnel, ce texte sera déclaré anticonstitutionnel”, a souligné fermement le président de la LADDH. Il a en outre relevé que l'Algérie de 2006 “ne doit pas rester dans les prismes archaïques” du XVe siècle, cette “époque de la décadence” qui a assisté à “la régression du monde musulman”. “Nous constatons avec tristesse, a-t-il déploré, combien la journée du 8 mars est célébrée presque dans le désintéressement général dans notre pays”. Interpellé sur les responsabilités de cet état de discrimination au plan juridique, Me Zahouane a désigné en premier lieu “les dirigeants” du pays, sans omettre de signaler toutefois la responsabilité de “l'élite qui se satisfait de cette situation”. Quant aux “gens culturellement handicapés”, ils continuent de vivre sous “le poids des traditions”, a-t-il reconnu. “Nous pensons que la femme est porteuse de progrès”, a encore indiqué le conférencier, en appelant à la poursuite de la lutte qui devrait s'installer sur “l'axe de la revendication de la plénitude citoyenne pour la femme et le respect constitutionnel de l'égalité citoyenne”. Hafida Ameyar