Me Ali Yahia a tenu à déclarer que ce qui ressort de la révision du code de la famille est le maintien du tutorat, de la polygamie et de la répudiation. A l'occasion de la Journée mondiale de la femme, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), a présenté son constat sur la situation de la femme en Algérie. Lors d'une conférence de presse animée conjointement par l'actuel président de la ligue, Hocine Zahouane et Maître Ali Yahia Abdenour, les deux hommes sont largement revenus sur le code de la famille pour livrer quelques «vérités blessantes». Se basant sur une analyse approfondie, Me Zehouane, président de la ligue constate que ce code ne concorde pas avec les principes de la Constitution. «Alors que toutes les Constitutions, à savoir celles de 63, 76, 89 et 96 ont consacré le principe de l'égalité entre les deux sexes, sans discrimination aucune, ce principe, souligne le président, a été complètement mis en défaut par le code de la famille». Il démontre qu'il y a réellement une contradiction entre le cadre législatif et la Constitution tout en affirmant que «l'Algérie présente aujourd'hui un visage bicéphale». D'un côté, elle reconnaît le principe de l'égalité des sexes et de l'autre côté elle impose le tutorat et interdit le droit à la succession pour les femmes. Même si la femme algérienne a conquis depuis l'indépendance, des postes supérieurs, reconnaît le président, elle est toujours victime des contraintes juridiques. Me Ali Yahia a tenu, pour sa part, à déclarer que ce qui ressort de la révision du code de la famille est le maintien du tutorat, de la polygamie et de la répudiation. Le seul point positif, souligne-t-il, c'est qu'il garantit le droit au logement en cas de divorce. Maître Ali Yahia Abdenour comme le président de Laddh, regrettent que la journée mondiale soit célébrée dans le désintéressement total des revendications féminines. «L'Algérie de 2006 ne doit pas rester dans le prisme archaïque de l'époque de la décadence», suggère-t-il. L'appréciation de la ligue présidée par Me Zehouane, vient corroborer les appréhensions des organisations féminines concernant le retard mis dans la mise en oeuvre du code de la famille amendé l'année dernière par le Parlement. Par ailleurs, les textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, n'ont pas été en reste dans la conférence de presse d'hier. S'expliquant sur ce sujet, les deux hommes n'ont pas mâché leurs mots pour critiquer le processus. Ils voient en cette solution de la crise «une bombe à retardement». «Sans la vérité et la justice, on ne pourra jamais rétablir la paix d'une manière définitive», affirme l'avocat. Ce dernier reste convaincu que le problème des disparus resurgira tôt au tard. «Tout ce qui se fait ne tiendra pas la route, avec la venue d'un autre pouvoir», estime Ali Yahia. Le règlement de la crise passe, selon lui, obligatoirement par l'ouverture d'un débat national regroupant tous les acteurs de la société et la mise en place d'une commission politique et juridique qui se charge du traitement des dossiers, cas par cas. Qualifiant cette démarche «d'extrêmement grave», la ligue compte saisir le comité des droits de l'homme de l'ONU. Elle élaborera prochainement un rapport qu'elle remettra à l'ONU. De plus, elle sollicitera les présidents du Conseil de la nation et de l'Assemblée pour qu'ils défèrent dans les plus brefs délais les textes en cause devant le Conseil constitutionnel.