Le dénommé H. B., 36 ans célibataire, est un repenti qui s'est rendu mercredi passé aux autorités. Son domicile, situé dans un quartier populaire de Annaba, est plein de monde venu le féliciter et lui rendre visite. C'est un homme maigre, assis sur un matelas en compagnie de ses deux frères. H. B. est aveugle, et c'est, selon ses propos, la raison pour laquelle il a reçu l'autorisation de son “émir” à quitter le groupe du GIA dans les monts de l'Edough, un groupe composé de 16 membres avec lesquels il a vécu depuis août 1994, date de sa “montée” au maquis. Il ne veut pas s'étaler sur les circonstances de son handicap, il y a un an et demi. Il a, cependant, révélé que pour son groupe irréductible jusqu'à présent, l'idée de se livrer aux autorités est taboue. “Ceux qui se sont livrés jusqu'à présent ne demandaient l'avis de personne. La forêt est grande. Ils décidaient d'eux-mêmes et s'enfuyaient.” Il raconte comment, en 1991, il avait été entraîné progressivement vers son destin. “Je suis cependant monté de mon plein gré, persuadé au fond de moi-même que j'accomplissais cela pour une cause juste. Sans cesse, on me racontait comment les gens étaient au bord du gouffre, de la misère, etc.” Il raconte qu'il regrette tout ce qu'il a fait et il demande à Dieu de lui pardonner. Ce repenti, qui avait été aussi longtemps sensibilisé par sa famille, a fini par demander à son “émir” de le libérer. C'est par téléphone qu'ont eu lieu tous les contacts. Au maquis, il a déclaré que certains de ses 15 compagnons étaient mariés, et que leurs épouses ne les avaient rejoints il y a 2 ans seulement. “Nous vivions à part, nous les célibataires. Durant les deux premières années, nous mangions très bien, nous prenions par la force ce qu'il nous fallait. Mais deux ans plus tard, les groupes de soutien étaient notre seule source d'approvisionnement. Puis les gens nous aidaient de moins en moins, et nous vivions de son et de viande de bovins que nous pouvions chasser. C'était de plus en plus difficile”. H. B., qui se dit “heureux” d'être enfin avec sa famille, regrette beaucoup les actions terroristes auxquelles il a pris part. Il veut aussi remercier les services de sécurité pour leur traitement. “Ils étaient très bons avec moi, ne m'ont posé aucune question. Ils m'ont beaucoup aidé à reprendre une vie normale au milieu des miens. Je dis à ceux qui sont restés : réfléchissez.” Hafiza M.