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BOUTEFLIKA DOUTE DE SA REELECTION
Publié dans Liberté le 01 - 10 - 2003

Il songerait à un retrait de la Course à la Présidentielle
La confidence de Bouteflika
Le chef de l'Etat a confié ses doutes à la famille Ben Boulaïd à qui il rendait visite.
Il s'en remet à Dieu pour un second mandat.
“Si le bon Dieu voit en moi l'homme qu'il faut pour ce pays je servirai l'Algérie, sinon je souhaite ne pas passer…” C'est la confidence faite, hier matin, par le président Bouteflika aux enfants du valeureux martyr Mustapha Ben Boulaïd à l'occasion d'une visite de courtoisie qu'il a effectuée à leur domicile sis juste derrière le siège de la wilaya de Batna. Une confidence qu'il a lâchée à l'abri des regards des reporters, mais que nous avons pu arracher aux hôtes de Bouteflika une fois qu'il a quitté la maison des Ben Boulaïd.
Une petite phrase lourde de sens, puisqu'elle est sortie de la bouche d'un Président qui devra faire face à un sérieux rival de cette même ville, Ali Benflis en l'occurrence. C'est sans doute la première fois que Abdelaziz Bouteflika laisse s'échapper une telle déclaration un tantinet teintée de pessimisme depuis son divorce d'avec Ali Benflis.
C'est aussi le souhait de la mère du Président qui ne voudrait pas que son fils s'engage dans la course s'il ne serait pas à la hauteur de sa mission. Signe prémonitoire d'une défaite annoncée ? Peut-être. En tous les cas, cette confidence s'apparente à un aveu du Président qu'il risque sérieusement de perdre la bataille des Aurès. Et au-delà, celle de la présidentielle d'avril prochain. Le fait de s'en remettre à Dieu prouve que Bouteflika ne compte pas sur les citoyens pour le réélire. Cette confidence autorise aussi la lecture selon laquelle il pourrait être tenté par un retrait pur et simple de la course, convaincu qu'il n'a pratiquement aucune chance après avoir perdu tous ses soutiens, notamment ceux des vrais décideurs. Bien sûr, les enfants de Ben Boulaïd refusent de lier la visite du Président à une quelconque caution pour lui. “Nous l'avons reçu en tant que président de la République, c'est très important pour nous, mais nous n'avons aucune arrière-pensée”, affirme, sec, l'aîné des frères, Ben Boulaïd Kamel. Abdelhaï, économiste de son état, précise, lui aussi : “Nous avons reçu tout le monde, des démocrates et même des islamistes”, avant d'asséner : “Nous ne sponsorisons personne !” De la même manière, il déclare que sa famille ne fait pas “d'amalgame” entre Bouteflika et Benflis parce que ce dernier est issu de Batna. Un autre fils de Ben Boulaïd — il en a laissé cinq et une fille dont un a été assassiné en 1995 — Abdelhak insiste, lui aussi, pour dire que “nous ne sommes alignés sur les positions de personne”. C'est que les Ben Boulaïd ne veulent pas qu'on fasse une interprétation électoraliste pour le café qu'ils ont partagé, hier, avec Bouteflika. Ils insistent sur la dimension symbolique du geste du Président sans tenir compte du contexte dans lequel elle intervient. La politique ? Ils s'en moquent royalement même s'ils n'ignorent pas les enjeux et les calculs des uns et des autres. Mais, ils préfèrent garder cette image de dignes héritiers de leur père et ne pas s'engager dans des batailles politiques.
Cela n'empêche, cependant, pas l'un d'entre eux de lâcher à la cantonade : “De toute façon, chacun de nous à ses penchants politiques et il en est libre de ses idées...” Comme quoi, même si le choix politique de la famille n'est pas exprimé publiquement pour éviter d'engager le nom du martyr dans des batailles politiciennes, les fils de Ben Boulaïd — tous des intellectuels au demeurant — savent faire discrètement le bon choix. Mais, il semble bien qu'ils ne font pas trop confiance au système ni au FLN. Abdelhaï ne met pas de gants : “On n'est pas FLN, tout est faux, on ne peut faire confiance à personne parce qu'il y a des harkis partout.” S'il ne cible pas Ali Benflis, il ne l'épargne pas non plus. Kamel dit partager la position de Mohamed Boudiaf qui voulait mettre le FLN au musée de l'Histoire. “Mais, il aurait fallu le faire en 1962”, lui rétorque Abdelhaï. Les Ben Boulaïd sont convaincus que le régime a dévoyé le combat du FLN, c'est ce qui explique leur frilosité à la politique. Il y a aussi le fait que leur frère Abdelouahab a été assassiné le jour anniversaire de la mort de son père, le 22 mars 1995, à Lakhdaria, dans un faux barrage.
Ce terrible sort a sérieusement bouleversé les croyances des Ben Boulaïd à l'égard du régime. “Vous vous rendez compte qu'il a été assassiné le même jour et à la même heure — 19 heures — de la mort de son père 29 ans plus tôt !”, s'exclame Kamel qui révèle que son défunt frère voulait à ce moment-là s'engager dans la course à la présidentielle de 1995, mû par le fait qu'il soit docteur d'Etat en sciences politiques. “Ils l'ont liquidé dans un vrai faux barrage”, lâche Abdelhaï, mi-railleur mi-sérieux. C'est que les Ben Boulaïd pensent réellement que l'assassinat de leur frère est prémédité. Transition faite, ils estiment que le régime fait tout pour éliminer les fils de chahids des postes de responsabilité, soit au FLN soit au niveau des institutions.
Devant notre curiosité pour savoir si Bouteflika était venu demander leur caution symbolique, les héritiers de Ben Boulaïd insistent sur le caractère symbolique. “S'il vous plaît, ne faites pas de parallèle, surtout qu'il n'y a aucun candidat déclaré pour l'instant.”
H. M.
La Valse des Inaugurations Continue
Le président Bouteflika a procédé, hier soir, à Batna, au lancement du projet de réalisation de 1 000 logements de type location-vente. Implantée dans la cité Bouzourane de la ville de Batna, cette opération a une autorisation de programme dépassant 2,2 milliards de DA et s'inscrit dans le cadre du programme sectoriel normal.
Comprenant 500 unités F3 et autant de F4, cet ensemble résidentiel de l'agence AADL devra être réceptionné en mai 2005.
Sa réalisation renforcera le parc immobilier local et contribuera à atténuer la demande en logements.
Par ailleurs, il a également inauguré le canal de protection de la ville de Batna contre les inondations. Inscrit le 24 octobre 1993, ce grand équipement a coûté 2,6 milliards de DA et a démarré effectivement en juillet 1994 pour être réceptionné en juillet 2003. Le projet a porté sur la réalisation d'un tunnel dans la roche de 2,6 km, un autre en béton de 476 mètres, des canaux et deux ponts. Cet équipement permet de dévier de la ville les cours des trois oueds : Tazoult, Bougadane et Azab, dont le débit des crues peut atteindre jusqu'à 361 m3/seconde, et se déversera désormais à Oued El-Gorzi. La mise en service de cette infrastructure donnera à la ville de Batna la possibilité de couvrir les deux oueds qui la traversent et d'en supprimer les risques potentiels sur la santé publique, de sorte à améliorer l'aspect urbain de l'ensemble du chef-lieu de wilaya et de désengorger de nombreuses cités.
Il s'y est déjaa rendu en Janvier 2001
Batna, Bis repetita
Nous sommes en janvier 2001 et le président Bouteflika est au plus fort de son règne. En visite de travail à Batna, le premier magistrat du pays a usé d'un ton assez sévère, en s'attaquant aux opérateurs publics et privés, tout comme il a abordé le dossier sensible de la concorde. C'est à partir des Aurès qu'il a lancé, pour la première fois, une flèche en direction du groupe El Khalifa. Le Président s'est insurgé du fait que “l'Etat ait formé des pilotes pour le compte d'Air Algérie à coups de millions de dollars que cette compagnie privée a débauchés sans peine”. Il a même qualifié cette vague de départs des pilotes d'“hémorragie”. Il s'est attaqué également à la société algérienne et en particulier aux femmes. Il leur a suggéré de ne pas fumer en public et de ne pas s'habiller en mini-jupe pour “ne pas choquer ceux qui sont descendus des maquis”. Abdelaziz Bouteflika faisait allusion aux repentis graciés dans le cadre de la loi sur la concorde civile. Son message à l'époque était parfaitement clair. Il fallait coûte que coûte défendre le bilan du processus de concorde civile, une année après sa mise en œuvre sur le terrain, et faire en sorte qu'elle puisse se traduire en concorde nationale. Cependant, son discours à partir de Batna était équilibré, dans le sens où il avait averti l'“émir” Benaïcha et mis en garde les groupes armés encore en activité : “Il reste un taux de terroristes et de traîtres à réduire. Ils n'ont aucun lien avec Dieu et la patrie. Ils égorgent les femmes, les enfants et les étrangers qui viennent nous aider. Mais je dis clairement : nous frapperons avec une main de fer au nom de l'islam et de la patrie quiconque qui touche à la vie du citoyen.”
Evoquant le dossier des deux leaders du FIS dissous, le Président avait rétorqué : “Aux gens qui considèrent qu'ils sont innocents, qu'il n'est ni Dieu ni la société pour leur pardonner.” M. Bouteflika était catégorique : “Tant que ces gens n'annoncent pas clairement leur dénonciation des actes terroristes qui détruisent les intérêts du pays et du peuple algérien, tant qu'ils ne reconnaissent pas qu'ils ont fauté et provoqué la mort de 100 000 personnes, un million de victimes et 20 milliards de dollars de dégâts matériels, je dis : il y a la loi, ensuite la loi et gare à la loi !”
Cependant, face à la poursuite des actes de terrorisme qui continuaient de sévir, massacrant civils et militaires, alors que l'application de la politique de la concorde avait déjà porté un coup dur à la mobilisation et à l'extrême vigilance des citoyens, des Patriotes et des services de sécurité, le Président avait reconnu de fait l'échec de sa démarche, tout en lançant un appel pressant aux citoyens : “Collaborer avec l'armée et les forces de sécurité pour mettre fin à la violence.”
Sur un autre registre, M. Bouteflika avait également affiché ses intentions vis-à-vis de la presse : “Il ne faut pas confondre la liberté d'opinion, qui est un moyen de prise de conscience et de culture, avec l'invective.” Il avait appelé à une révision du code pénal, estimant qu'il n'était pas proportionnel aux délits commis par les déviants et les criminels. “Il apparaît très clairement, avait-il poursuit, que cette société est gérée sans lois. Il est indécent d'infliger une amande de 1 000 Da à une personne qui insulte l'Etat et attente à son prestige à l'intérieur et à l'extérieur du pays.”
Dans son intervention, le premier magistrat du pays s'en est pris à la coalition gouvernementale composée de sept partis. Il les a accusés de ne pas l'avoir soutenu pour promouvoir la loi de la concorde civile en concorde nationale : “Ils ne rivalisent que pour des postes et autres acquis, sans se soucier d'un projet national à même de sauver le pays.”
Mourad Belaïdi
Dans un discours prononcé à Batna
Le Président courtise l'armée
“L'Armée nationale populaire est la colonne vertébrale de l'Etat”, a martelé Abdelaziz Bouteflika.
Le président de la République n'a pas raté son passage à la capitale historique des Aurès pour renouveler ses hommages appuyés à l'Armée nationale populaire. “Depuis cette capitale de la résistance, en votre nom, je dis que l'Armée nationale populaire est la digne héritière de l'Armée de libération nationale”, a lancé Bouteflika du haut de la tribune de l'Institut des études islamiques de Batna, à l'occasion d'un discours-fleuve de près de deux heures. Pour le président Bouteflika, l'armée nationale constitue “la colonne vertébrale de l'Etat pour avoir été aux côtés du peuple durant la terrible épreuve qu'il a vécue” dans une allusion à la décennie noire du terrorisme. Bouteflika ne s'est pas arrêté là dans son panégyrique en direction de la grande muette qu'il place implicitement au-dessus de l'institution présidentielle. “C'est vrai qu'il y a une hiérarchie dans les institutions de l'Etat, mais l'armée est la colonne vertébrale de l'Algérie !”, a asséné à trois reprises le président de la République, visiblement décidé de lever les équivoques quant à ses rapports avec l'institution militaire. Conscient des lectures politiques qui seraient forcément faites sur ces louanges en direction de l'armée, à six mois de la présidentielle, Bouteflika a tenté une justification de son alignement. “Je sais pourquoi je dis cela, et il faut que je m'explique : les partis sont versatiles et les associations tournent, et il n'y a que l'armée qui est toujours là aux côtés du peuple”, affirme le chef de l'Etat sous un tonnerre d'applaudissements. La fléchette est décochée en direction, sans doute, du FLN et à sa tête, Ali Benflis dans la mesure où ce parti a décidé de ne pas sponsoriser sa candidature le printemps prochain, lui préférant son secrétaire général. Une déclaration qui a fait se lever la salle aux cris de “Djeich chaâb Maâk ya Bouteflika…” (l'armée et le peuple avec toi) ininterrompus. Un souhait de l'assistance qui est allé droit au cœur du Président qui, les deux mains jointes sur le cœur justement, répond tout sourire : “Choukrane aâla a thiqa” (merci pour votre confiance), ou encore en se remettant à Dieu par des “bi fadhel Allah” (avec l'aide du bon Dieu). Aussi, Abdelaziz Bouteflika, a-t-il également rendu hommage à tous les corps de sécurité qui ont été à l'avant-garde de la lutte contre le terrorisme. Voulant manifestement titiller la fibre patriotique des maquisards de cette région historique, le Président a plaidé pour “l'unité” de toute la famille révolutionnaire. “Cessons les divisions au sein des moudjahidine”, tonne-t-il en réitérant son grand hommage à tous ceux qui ont libéré le pays. Mais avant cela, Bouteflika a tenu à marquer son passage à Batna par une reconnaissance particulière au glorieux martyr de la Révolution, Mustapha Ben Boulaïd, en demandant à l'assistance d'observer une minute de silence à sa mémoire.
Auparavant, il s'était rendu au domicile du défunt pour partager quelques minutes intimes avec ses enfants. Autant dire que le président de la République a centré sa visite dans la capitale des Aurès sur tous les symboles de la Révolution dans une région très imprégnée et sensible aux valeurs de la Révolution de Novembre 1954. Il n'a d'ailleurs pas manqué d'envoyer son salut “aux fidèles Aurésiens”. Evoquant son bilan, Bouteflika s'est évidemment dit satisfait des résultats de la concorde civile. “Ce qui me chagrine, c'est le fait qu'on sous-estime les résultats de la concorde civile.” Là aussi, il répond à ceux qui ne partagent pas son point de vue ainsi : “Beaucoup oublient que la loi sur la concorde civile a été adoptée par le Parlement avec ces deux Chambres et plébiscitée par le peuple.” Comme quoi, même si ses résultats restent mitigés, il n'en serait pas le seul responsable. Il en veut pour preuve, d'après lui, que l'engouement populaire suscité par cette loi était à la hauteur du fameux référendum d'autodétermination de 1962. Abdelaziz Bouteflika a aussi mis l'accent sur “la réhabilitation de l'image de l'Algérie dans le concert des nations grâce à la concorde civile”. Il a même estimé qu'elle a induit le retour des investisseurs… ! Pour autant, il a affirmé que la lutte contre le terrorisme se poursuit sans fléchir grâce à la détermination de notre armée pour mettre en échec “la machine meurtrière”. Bouteflika louera également les “bienfaits” de son plan de relance économique en mettant, cependant, un bémol sur ses résultats à cause “des réflexes bureaucratiques, des passe-droits et de la corruption”.
Ce revers de la médaille n'empêche pas notre Président d'être optimiste. “Nous sommes optimistes”, lancera-t-il à l'assistance. Optimiste sur quoi ? Mystère. Mystérieuse aussi a été cette phrase laconique en disant : “Tab jenanna” qui peut être traduite approximativement comme suit : “Notre génération est périmée.” Et de marteler : “L'avenir, ce sont les jeunes.” Faut-il y percevoir un abandon de poste au profit… du “jeune Benflis” ?
H. M.
En Marge de la visite du Président
Nuit Agitée à T'kout et Arris
Parce que les archs ont déclaré Bouteflika indésirable dans les Aurès, leur délégué a été séquestré pendant 5 heures dans les locaux de la police.
La région de T'kout (Batna) a vécu, la veille de la visite de Bouteflika dans la capitale des Aurès, une nuit agitée, où le pire a été évité.
Tout a commencé quand Salim Yezza, délégué de la Coordination des comités des citoyens des quartiers et villages de la daïra de T'kout, a été embarqué par des policiers alors qu'il distribuait des tracts appelant au boycott de la visite présidentielle.
Le délégué du mouvement citoyen a été interpellé par des éléments de la sûreté de daïra d'Arris dans l'après-midi de lundi, aux environs de 16 heures. Accusé d'entraves aux préparatifs d'accueil du président Bouteflika, il a été conduit manu militari au commissariat de la ville.
Comme première riposte des citoyens de T'kout, encadrés par des militants de la Coordination du mouvement des citoyens, un imposant regroupement a été organisé devant le siège de la daïra. Par centaines, les villageois ont convergé vers le point de ralliement pour exiger la libération immédiate et sans condition du délégué mis en détention. La foule, en effervescence, a donné aux autorités civiles et policières un ultimatum qui prendrait fin à 21 heures de la même journée. Faute de quoi, d'autres actions graduelles seraient engagées, à commencer par la fermeture du siège de la daïra.
Heureusement, “une instruction est venue d'en haut”, et Salim Yezza a été relâché à 21 heures après avoir passé 5 heures dans les locaux du commissariat d'Arris.
De retour vers T'kout, il était accompagné par des dizaines de citoyens et de militants. Aux portes de T'kout, un impressionnant cortège se forma et tout le village devint une tribune à ciel ouvert à partir de laquelle fusèrent des slogans fustigeant Bouteflika et ses ministres. Devant le siège de l'APC, un meeting populaire a été improvisé. La parole fut donnée au délégué libéré qui a dénoncé le recours par le pouvoir à la répression pour combattre un mouvement citoyen, pourtant pacifiste.
Aux environs de 23 heures, la foule s'est dispersée aux cris de “Pouvoir assassin-Bouteflika ila lika”.
Dans un entretien qu'il nous a accordé, Salim Yezza, après avoir passé 5 heures chez la police et une nuit agitée, s'est dit satisfait du dénouement heureux de la crise qui a pris naissance avec son interpellation. Le ton grave, il explique : “Le pouvoir cherche la confrontation et pousse les citoyens à s'exprimer par et dans la violence afin de justifier la répression dans laquelle il excelle.” Et d'ajouter : “Malheureusement, pour lui, notre mouvement qui reste pacifique ne s'est pas laissé entraîner, lundi dernier, dans cette voie.”
Pour rappel, les militants du mouvement citoyen de la région de T'kout ont appelé au boycott de la visite qu'a entamée, hier, le président Bouteflika dans la wilaya de Batna. Les délégués accusent le Président de menacer l'unité de la nation en dénigrant tantôt “les Kabyles qui menacent l'unité nationale”, tantôt les “Chaouias chiyatin” (Les Chaouis lèche-bottes).
MOURAD KEZZAR
Première Victoire pour les Partisans de Ali Benflis
Le Congrès Extraordinaire Autorisé
L'administration a, finalement, opté pour un choix légaliste.
Le congrès extraordinaire du FLN, prévu samedi prochain, à Aïn Bénian, a été autorisé hier. L'administration a finalement opté pour le choix de la raison en donnant son aval à la tenue de ce rendez-vous organique très attendu et éminemment important dans la vie du parti majoritaire.
Des doutes avaient été émis, en effet, sur la position qu'adopterait l'administration du ministère de l'Intérieur par rapport à cette demande déposée samedi dernier auprès de la direction de la réglementation de la wilaya d'Alger.
Et pour cause, cette même administration, habilitée à autoriser et à interdire les manifestations partisanes, s'est ouvertement et publiquement impliquée dans l'entreprise de casse contre le FLN, fomentée par les opposants à la direction du parti et se recrutant parmi les défenseurs du Président-candidat. De plus, le jour même de l'annonce de la date de ce congrès extraordinaire par Ali Benflis, le patron de la formation majoritaire, lors de sa conférence de presse de dimanche dernier tenue à Alger (Hydra), les partisans du Président avaient réagi en menaçant d'empêcher sa tenue. “Le mouvement de redressement avise les militants du parti qu'il continuera à prendre toutes les dispositions militantes, politiques, judiciaires et administratives pour réaliser les objectifs tracés”, avait-on lu dans le communiqué signé par Abdelaziz Belkhadem, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères en tant que chef de file du mouvement de “redressement”.
Les observateurs avaient vu, à travers cette menace, un clin d'œil du chef de la diplomatie algérienne à l'administration pour qu'elle use de ses prérogatives pour empêcher la tenue du congrès extraordinaire. Cela, d'autant que Abdelhamid Si Affif, l'ex-député de Mostaganem, membre de ce mouvement avait déclaré à la presse, le même jour, que l'autorisation du congrès extraordinaire reviendrait “à ignorer tous ceux qui s'opposent à Ali Benflis”.
Les putschistes comptaient donc énormément sur le coup de pouce de l'administration pour empêcher le parti majoritaire de désigner une candidature interne autre que celle de Abdelaziz Bouteflika pour la présidentielle de 2004.
Ils croyaient aussi dur comme fer qu'il y avait toujours une possibilité de récupérer le FLN. La déclaration de Si Affif en témoigne à cet égard : “Le fait que le ministre de l'Intérieur, Nouredine Yazid Zerhouni, ne nous ait pas notifié le rejet des recours concernant le VIIIe congrès du FLN, c'est déjà positif”.
Les redresseurs se sont donc trompés ! L'administration ne les a pas écoutés. Elle n'a fait que respecter scrupuleusement les dispositions réglementaires requises en matière de demandes d'autorisation. Mais, au-delà du respect de la réglementation en vigueur, l'octroi de l'autorisation est un signe majeur qui signifie que l'administration n'a pas pu s'extraire de la légalité. Elle reconnaît explicitement, de ce fait, à travers cette autorisation, la légalité de l'ensemble des textes issus du VIIIe congrès du FLN, tenu en mars dernier. L'administration ne pouvait certainement pas faire autrement que d'autoriser le congrès extraordinaire, du fait qu'elle n'a pas remis en cause les résultats des assises du parti, juste après sa tenue.
Parce que s'il devait y avoir refus et remise en cause, il serait intervenu au moment où le parti majoritaire avait remis les résultats de son congrès avec accusé de réception au ministère de l'Intérieur. Autrement dit, il n'y a pas eu de précédent dans la remise en cause des instances ou des textes issus des VIIIe assises du parti de Ali Benflis.
L'administration n'a pas non plus interdit les deux sessions ordinaires du comité central ayant succédé au dernier congrès.
Plus fondamentalement, l'autorisation du rendez-vous de samedi prochain constitue une véritable victoire pour le secrétaire général du FLN, Ali Benflis et de tous ceux qui l'ont soutenu (ses militants, ses ministres, ses instances et ses structures de base) contre l'entreprise de casse contre le FLN depuis qu'il a décidé de consacrer l'autonomie et l'indépendance de sa formation par rapport au président Bouteflika.
Nadia Mellal
Les Putschistes dépités
Le FLN a finalement eu l'autorisation nécessaire pour organiser son congrès extraordinaire. Face à cette nouvelle donnée, le mouvement de redressement dirigé par Abdelaziz Belkhadem est désormais comme devant le fait accompli.
Que fera-t-il lui qui, sur un ton comminatoire, annonçait, avant-hier, dans un communiqué rendu public, qu'il “continuera à prendre toutes les dispositions militantes, politiques, judiciaires et administratives”, pour réaliser les objectifs assignés à la rencontre du 4 septembre à Djelfa ? À cette question, l'un des animateurs du mouvement, en l'occurrence l'ex-député Si Affif, se montre comme s'étant rendu à l'évidence. “On respecte la décision des autorités”, dit-il. Comme surpris par la nouvelle, l'ex-député affirme : “Si le congrès se déroule au siège du parti, ils seront nombreux parmi les siens à être présents.”
À titre de précision, le congrès extraordinaire du FLN se tiendra à l'hôtel Aurassi. Toutefois, il exclut le recours à la manière musclée pour empêcher le déroulement du congrès. “Nous n'allons pas utiliser la force”, soutient-il. Sur les recours introduits et les plaintes déposées au niveau des ministères de la Justice et de l'Intérieur, notre interlocuteur affirme qu'“ils n'ont reçu aucune réponse”. Mais, comme le SG du FLN, le mouvement de redressement introduira une autorisation pour la tenue d'un congrès bis, rappelle-t-il. Enfin, il soutient que la structure qu'il anime “demandera” aux militants de boycotter ce rendez-vous projeté par Benflis.
KARIM K.
Le chef du mouvement de “redressement” a adhéré au VIIIe congrès du FLN
Quand Belkhadem félicitait Benflis
“Je félicite le secrétaire général pour le sursaut qualitatif du parti”, déclarait, en mars 2003, avec insistance, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères.
Avant-hier, le responsable du mouvement de “redressement” et néanmoins ministre d'Etat et ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a rendu publique une déclaration dans laquelle il accuse la direction nationale du parti du FLN de “déviation et de vouloir poursuivre la politique d'exclusion”.
En se voyant refuser son initiative non dénuée d'arrière-pensée politique, le chef de la diplomatie algérienne reproche aussi à la formation de Ali Benflis ce qu'il qualifie “de fuite en avant et de volonté de diviser les rangs du parti”. Seulement, Belkhadem a certainement oublié sa déclaration lors du VIIIe congrès dont il a applaudi le bon déroulement des travaux. Belkhadem a bel et bien salué et s'est félicité du retour du parti du Front de libération nationale sur la scène politique. Ce congrès, disait-il, a rassemblé “le moudjahid et le jeune qui relèvent aujourd'hui le défi pour continuer la marche”. “Mon frère le secrétaire général, l'ancien secrétaire général Boualem Benhamouda, mon frère ancien responsable du parti, Mohamed-Salah Yahyaoui, mon frère Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du parti de libération nationale, mon frère feu Rabah Bitat qui était lui aussi responsable du parti, et Mohamed-Chérif Messaâdia sont notre fierté au parti du Front de libération nationale”, affirmait le chef de la diplomatie algérienne impliqué dans le complot qui vise la déstabilisation d'un parti légal et accusé “de participation à une entreprise de mise à mal des institutions républicaines”.
Il avait pourtant approuvé la politique de Ali Benflis en saluant le fait que “les générations s'alternent, tout en restant fidèles au parti”. Et c'est cette fidélité, selon lui, qui a fait que “cette rencontre rassemble le jeune, l'universitaire et le moudjahid qui, vu les conditions coloniales, n'a pas eu la chance d'aller à l'université”. C'est cela, martelait-il, “le mérite du Front de libération nationale”. Abdelaziz Belkhadem qui, visiblement, satisfait par le renouveau effectué au sein du FLN par Ali Benflis disait alors “le peuple a rendu au parti sa fierté et sa place”. “Il est revenu par la grande porte”, affirmait l'intervenant au VIIIe congrès avant de tourner casaque quelques mois après.
Belkhadem ne s'est pas empêché “de saluer et de féliciter le secrétaire général du FLN pour, soulignait-il, ce saut qualitatif qui a permis au parti d'ouvrir ses rangs à la jeunesse sans qu'on rentre dans un conflit de générations et a ouvert ses portes aux compétences sans renier la fidélité”. “Je félicite mon frère le secrétaire général pour ses différents succès du parti”, avait déclaré le chef de fil du clan présidentiel qui a mal pris la décision du FLN de présenter son responsable à la prochaine élection présidentielle.
Belkhadem, qui a fait volte-face, aujourd'hui, a affirmé, en mars dernier, que “le succès du Front de libération est le succès de l'Algérie”. “Nous nous félicitons pour cette réussite, nous félicitons le retour du Front de libération nationale au pouvoir”, avait-il conclu son intervention avant de reprendre sa place au premier rang entre Ali Benflis et l'ancien ministre des Postes et Télécommunications, M. Youbi.
S. R.


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