La question des résidences sécuritaires des journalistes d'Alger refait surface. Mardi soir, une cinquantaine de locataires de l'hôtel El-Manar, à Sidi-Fredj, ont dû faire preuve de patience avant de pouvoir rejoindre leurs chambres. La direction de l'établissement, suite à des inspections d'agents du ministère de la Communication, avait changé les serrures de leurs portes sous prétexte que les chambres étaient inoccupées. Ce qui, dans la plupart des cas, s'est avéré infondé. Le plan, somme toute légitime, des pouvoirs publics, comme annoncé par Mme Khalida Toumi il y a une semaine, est de récupérer les espaces inoccupés ou abandonnés par les journalistes (et les assimilés) dans un premier temps, puis d'évacuer définitivement les structures hôtelières pour les reprendre dans leur vocation d'origine. L'intention est bonne, bien entendu, mais le procédé est pour le moins inapproprié. Les services du ministère de la Communication ont failli dans leur démarche. Leurs enquêtes ont donné lieu à de fausses conclusions : la quasi-totalité des journalistes ciblés est en fait bien résidente, et à titre permanent, dans les sites. L'opération a commencé à Moretti, s'est étendue à Zéralda et s'est conclue à Sidi-Fredj. Partout, la démarche a complètement échoué. A Sidi-Fredj donc, la fermeture des chambres par de nouvelles serrures a produit un état d'incompréhension, d'anarchie et, parfois, d'affolement. Comment les inspecteurs ont-ils pu se tromper à ce point ? La direction n'a rien trouvé à dire et les locataires expulsés en étaient outrés. Le désordre était en tout cas tel que la ministre de la Communication a dû se déplacer sur les lieux pour tenter de rassurer. Mais surtout d'expliquer : “Notre but n'est pas de chasser les journalistes, mais uniquement d'assainir la situation dans ces hôtels.” Son collègue du Tourisme, M. Lakhdar Dorbani, et Saïd Bouteflika (frère du Président dont il est un des conseillers) ont eux aussi fait le déplacement nocturne. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et les locataires des sites sécuritaires, constitués en comités, tentent actuellement de dépasser ce qu'ils espèrent n'être qu'un malentendu. L. B.