Mourir seul et à des centaines de kilomètres de chez soi, sans personne à ses côtés, est sans doute la pire des morts. C'est ainsi qu'est parti le journaliste Mohamed Issami, de son vrai nom Mohamed Rouabhi, retrouvé mort lundi dernier dans sa chambre à l'hôtel El Manar de Sidi Fredj. N'ayant pas donné signe de vie, sa famille a pris attache avec l'un de ses proches collègues qui a tenté de le contacter dans sa chambre mais sans succès. Inquiet, il avise l'administration. Celle-ci, sans tarder, a pris la décision de défoncer la porte. Il était déjà mort. Aussitôt, la Protection civile et la gendarmerie sont arrivées sur les lieux. Vers 21 h, l'ambulance du secteur sanitaire de Zéralda est arrivée avec l'équipe médicale pour constater le décès et évacuer le corps à la morgue de l'hôpital de Zéralda où il passera la nuit avant de subir, hier, une autopsie pour déterminer les causes de son décès. La nouvelle de son décès s'est répandue comme une traînée de poudre parmi ses collègues et confrères nombreux à habiter cet hôtel. Les journalistes affichaient une tristesse sans égale. La consternation et la douleur se lisaient sur tous les visages. Le directeur du journal le Soir d'Algérie, la dernière halte du défunt, a tenu à être présent. Les témoignages recueillis sur place s'accordent à dire que le défunt «est rentré à l'hôtel dimanche en début de soirée comme à l'accoutumée, avec son café et sa cigarette à la main», nous raconte un agent. Des collègues disent qu'«il souffrait ces derniers temps de difficultés respiratoires». Tous ses collègues lui reconnaissent «son talent» comme journaliste, mais aussi ses qualités humaines, notamment «sa modestie et sa timidité». Mohamed Issami s'en est allé seul à l'âge de 60 ans, sans faire ses adieux à sa famille, à ses amis et à ses collègues et sans finir l'œuvre qu'il a commencée sur le terrorisme. En effet, journaliste spécialisé et connaisseur du monde rural, il s'est distingué par ses écrits et ses investigations sur le terrorisme dont il a fait une autre spécialité. Il avait même publié un livre sur le terrorisme intitulé Au cœur de l'enfer. La presse est à nouveau endeuillée, cinq mois après le décès de Chawki Madani, journaliste à El Khabar, dans une chambre du même hôtel. Père de trois enfants, Mohamed Issami a travaillé dans de nombreux quotidiens nationaux, notamment le Patriote, Ouest Tribune, la Voix de l'Oranie, le Matin, El Watan et enfin le Soir d'Algérie. B. A.