Les salaires et le pouvoir d'achat, tel a été le thème débattu jeudi dernier au siège de la fondation Friedrich-Ebert qui a initié la rencontre entre les experts et la presse. M. Rachid Hadj Lazib, ancien directeur des salaires au ministère du Travail, abordera la problématique sous tous ses aspects juridiques et économiques, sans omettre de relever les anomalies avérées quant aux modèles adoptés comme paramètres de fixation des niveaux de revenus. Les bouleversements économiques qu'a connus le pays après le plan de réajustement structurel ont entraîné, selon l'orateur, un renchérissement de la vie, se traduisant en une détérioration sensible du pouvoir d'achat que les réajustements des salaires opérés n'ont pu contenir ni rattraper. Il citera l'exemple de la Fonction publique où la stagnation des salaires a été à chaque fois derrière les conflits et autres grèves qui ont secoué le pays. Pour le conférencier, le niveau actuel du SNMG (Salaire national minimum garanti) indexé sur un indice de prix discutable, du fait des effets inflationnistes, est loin de refléter objectivement les besoins minimums vitaux du travailleur. Outre la dépréciation du dinar et la déperdition de l'emploi qui accentuent la vulnérabilité en termes de pouvoir d'achat, il dénoncera également les disparités et écarts flagrants dans un même secteur et parfois d'un secteur à un autre, sans justification économique. A ce titre, une enquête en cours, entreprise par l'Institut national du travail (INT), fait état d'un salaire national moyen de 22 925 DA par mois, alors qu'à Sonatrach, il est pratiquement au double. Autres paradoxes inspirés par les rapports semestriels du CNES : la baisse du niveau de consommation à prix constant par habitant de 1990 à 2000. Dans son analyse, M. Hadj Lazib relèvera l'embellie financière du pays qui reste pourtant imperceptible dans le vécu quotidien, en l'absence de toute relance par l'investissement créateur de richesses. Manière de dire que le potentiel existe pour entrevoir le confort social, à travers des actions de production et de l'emploi, préalables à toute assise rationnelle salariale et de réelle expression d'achat. A. W.