L'organisation terroriste préfère s'adresser aux Algériens dans un langage proche de l'imploration pour les convaincre de ne pas aller voter. Comme l'on pouvait s'y attendre, la branche al-Qaïda pour le Maghreb islamique a appelé les Algériens à ne pas aller voter aujourd'hui. Dans le dernier communiqué publié sur son site Web, l'ex-GSPC lance un appel à l'abstention à l'occasion de ce rendez-vous électoral. Certes, ce n'est pas la première fois que l'organisation terroriste appelle les citoyens à renoncer à leur devoir électoral, mais le ton adopté cette fois-ci dans cette déclaration, rendue publique il y a deux jours, étonne assurément. Nous n'avons plus affaire à ce groupe terroriste qui lance à tout bout de champ des menaces de représailles contre tous ceux qui se rendraient coupables d'aller voter. Il est, apparemment, loin le temps où l'organisation terroriste considérait l'acte de voter comme une défiance à son égard et un acte qui vaudrait à son auteur l'accusation d'impie. Conscient certainement de son état d'affaiblissement avancé dû aux coups durs qui lui ont été portés par les forces de sécurité depuis notamment l'été dernier, l'Aqmi préfère s'adresser aux Algériens dans un langage proche de l'imploration pour les convaincre de ne pas aller voter. Il fait étalage à cet effet d'un large argumentaire destiné à inciter les électeurs à rester chez eux le jour du scrutin. Jouant sur des constats connus à propos de la gestion et du comportement des élus, le groupe terroriste fait référence à certains scandales qui ont éclaboussé des élus pour dresser un tableau peu reluisant de ceux qui sont censés représenter la population dans les assemblées locales et nationales. Un constat mis en avant par l'organisation terroriste pour persuader les Algériens de l'inutilité d'aller voter. La date du scrutin était connue depuis des semaines et la campagne électorale a duré une vingtaine de jours. L'Aqmi avait toute latitude pour exprimer à un moment ou à un autre sa position par rapport à ce rendez-vous électoral. Mais pourquoi le groupe terroriste a-t-il attendu les derniers jours de la campagne pour rendre public son appel à l'abstention ? Cela a peut-être un lien avec l'élimination de Abdelhamid Saâdaoui, le chargé des relations avec Al-Qaïda de Ben Laden au sein de l'ex-GSPC, et l'une des têtes qui ont leur poids dans l'organisation terroriste. Celle-ci s'est donc retrouvée complètement désarçonnée par cette perte qui était venue s'ajouter à une longue liste d'“émirs” abattus ou repentis depuis le début de l'année en cours. C'est ce qui expliquerait l'état d'expectative dans lequel était plongé le groupe terroriste. Une situation qui a amené ce dernier à adopter un ton plutôt “tendre” dans son communiqué appelant les Algériens à ne pas aller voter. L'ex-GSPC supplie donc les Algériens de suivre ses “recommandations”, lui qui avait l'habitude, en pareille circonstance, de brandir la menace de mort à leur égard. L'organisation terroriste sait en tout cas qu'elle n'a pas les moyens d'empêcher les Algériens d'accomplir leur devoir électoral si ces derniers décidaient de le faire. Elle préfère donc la supplication à la menace, tout en ne perdant pas de vue que l'abstention planait déjà fortement et depuis longtemps sur ce scrutin. Une manière pour l'organisation d'anticiper sur les évènements pour tenter de récupérer, ensuite, des “dividendes” d'une abstention dont les prémices sont déjà apparentes. Cependant, malgré ce discours quelque peu arrondi, qui n'est pas dans les habitudes de l'organisation terroriste, le communiqué fait vite de renouer avec un langage violent de la horde criminelle qui considère, en effet, que “le seul discours que les régimes des pays musulmans impies comprennent demeure celui des armes et les attentats suicide”. Chassez le naturel, il revient, dit-on, au galop. H. S.