Après la grave détérioration de la situation dans le nord du Mali avec la reprise des combats entre l'armée malienne et les rebelles touareg, l'Algérie reprend sa médiation entre les deux parties dans la perspective de parvenir à l'application des accords d'Alger signés en 2006. Abdelkrim Gheraieb, l'ambassadeur d'Algérie au Mali, a entamé vendredi dans la capitale malienne sa mission de médiateur dans la crise opposant le gouvernement malien à des rebelles touareg. Le diplomate algérien a pris contact avec les premiers responsables des deux parties en conflit, en l'occurrence le président de la République malienne, Amadou Toumani Touré, et le chef rebelle Ibrahim Ag Bahanga pour relancer le processus de paix. Une source auprès de la présidence de la République malienne a affirmé que “l'ambassadeur d'Algérie a été reçu ce vendredi par le président Amadou Toumani Touré pour relancer le processus de paix”. La même source a indique que “les échanges se sont déroulés dans une bonne ambiance. Le président malien a réaffirmé la nécessité pour tout le monde d'appliquer l'accord d'Alger”, signé en 2006. Abdelkrim Gheraieb s'est également entretenu avec le chef rebelle Ibrahim Ag Bahanga. Un proche de l'entourage de ce dernier a déclaré qu'Ibrahim Ag Bahanga avait eu un “long entretien téléphonique cette semaine” avec l'ambassadeur d'Algérie à Bamako. Il a également souligné que le chef de la mission diplomatique algérienne dans la capitale malienne a “insisté” auprès des rebelles pour que “les armes ne parlent plus”. “Nous sommes dans l'accord d'Alger, nous voulons que tout le monde reste dans ces accords”, a-t-il notamment dit à son interlocuteur. Tout indique que la médiation algérienne portera ses fruits tant les parties en conflit semblent l'apprécier, à l'image d'un proche de Ag Bahanga, qui a souligné : “Nous sommes prêts à toutes négociations sous la direction de l'Algérie.” Une autre source a ajouté que Ibrahim Ag Bahanga a justifié cette reprise des attaques en affirmant au médiateur algérien : “Nous avons expliqué au médiateur-facilitateur que nous avons suivi nos frères de l'Alliance dans l'attaque de Abeïbara pour venger la mort de notre camarade Baraka.” Pour rappel, le commandant Baraka, dont le corps criblé de balles a été retrouvé le 11 avril près de Kidal, était membre de l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC, ex-rébellion touareg). Cette dernière est signataire de l'accord de paix d'Alger de juillet 2006, mais de nombreux membres ont récemment rejoint les rangs rebelles à la suite de l'assassinat de l'officier touareg. Il y a lieu de relever que la médiation algérienne avait été suspendue en avril à la suite de critiques de la presse malienne. Cette reprise de la médiation algérienne intervient au moment où la situation s'est gravement détériorée dans le nord du Mali, où des affrontements entre l'armée et des rebelles touareg ont fait 32 morts mercredi, selon l'armée. Il s'agit du bilan le plus lourd depuis plusieurs années dans cette région frontalière de l'Algérie, zone de trafics en tout genre, où Bamako peine à imposer son autorité. L'attaque avait visé le poste militaire d'Abeïbara, à environ 150 km au nord de Kidal, chef-lieu de la région. K. ABDELKAMEL