Comme tous les processus de conciliation, le parcours de dialogue entre la rébellion touareg et le gouvernement malien est long et forcément laborieux. C'est ainsi que des émissaires du président Amadou Toumani Touré et des dirigeants touareg sont à Alger pour relancer l'accord éponyme, signé en juillet 2006, selon des sources concordantes dans la capitale algérienne. Un premier round de discussions sous l'égide de l'ambassadeur d'Algérie à Bamako, Abdelkrim Gheraeib, était prévu hier. «Il est question que les protagonistes se rencontrent très rapidement et entament les discussions», selon une source proche du médiateur algérien. La délégation malienne est conduite par le ministre de l'Administration territoriale, le général Kafougouna Koné. Côté touareg, il est prévu que les rebelles, organisés sous la bannière de l'ATNMC, l'Alliance touareg Nord Mali pour le changement, plus connue sous l'appellation de l'Alliance du 23 mai, soient notamment représentés par Ibrahim Ag Bahanga et son bras droit, le colonel Hassan Faghagha, ainsi que le porte-parole de la rébellion Hama Ag Sid Ahmed. Le nouveau cycle de négociations ouvert à Alger est supervisé par l'actuel chef du gouvernement algérien qui avait mené avec succès la médiation algérienne dans le conflit dit de l'Azawed opposant le gouvernement malien à la rébellion touareg. En 1992, Ahmed Ouyahia était alors directeur général de la division Afrique du ministère algérien des Affaires étrangères. Le nouveau round de dialogue entre les autorités maliennes et les dirigeants de la rébellion touareg fait suite à une précédente séquence de pourparlers entre les deux parties, à Alger, autour du même médiateur algérien, Abdelkrim Gheraeib. L'Algérie avait repris la médiation en mai dernier après le cuisant échec de l'intercession libyenne entreprise par Tripoli en réponse à l'appel de notables et élus de la région de Kidal qui lui avaient demandé de réunir les protagonistes du conflit en Libye. Ces personnalités font notamment partie de l'Association populaire et sociale des tribus du Grand Sahara, soutenue par le colonel Mouammar Kadhafi. Entamées le 29 mars 2008, les discussions avaient alors échoué, ouvrant ainsi la voie à une reprise de la médiation algérienne sollicitée par le gouvernement malien et les rebelles touareg. Les entretiens directs entre les protagonistes de la crise malienne devraient être laborieux en raison des positions tranchées des deux camps. Le président malien, qui se veut une main de fer dans un gant de velours et un homme de paix qui fera la guerre chaque fois que nécessaire, exige avant toute décrispation la libération de plusieurs dizaines de militaires détenus par la rébellion. Il demande également le démantèlement des bases des rebelles et la remise du matériel militaire et des armes de l'Armée régulière malienne récupérées lors d'affrontements avec certaines de ses unités. Pour leur part, les rebelles insistent sur l'allégement du dispositif militaire dans le nord du Mali et demandent que l'ambassadeur Abdelkrim Gheraeib dirige le comité de suivi des Accords d'Alger de juillet 2006, dirigé jusqu'ici par un responsable malien. 92 militaires maliens seraient aux mains des groupes rebelles et seraient détenus dans le Sahara depuis leur prise en otages en avril et mai derniers, selon des sources maliennes et touareg. Depuis la reprise du conflit dans le nord du Mali, il y a un an, le bilan le plus lourd a été enregistré lors de l'assaut du poste militaire d'Abeibaral, près de la frontière algérienne, le mercredi 21 mai 200, faisant 32 morts, dont 10 du côté gouvernemental, selon l'armée malienne. Les rebelles touareg ne réclament plus l'autonomie et ils ont décidé de prendre au mot la promesse gouvernementale d'aide au développement du nord du Mali. Cette zone correspond à l'espace géographique de 3 régions économiques et administratives de Tombouctou, de Gao et de Kidal, soit près des deux tiers du territoire malien et 10% de la population du pays. Les populations blanches nomades du Sahara, en l'occurrence les Touareg et les Maures, cohabitent avec les Noirs qui sont généralement des agriculteurs et des éleveurs. N. K.