Parmi les fonctions jugées les moins performantes de leur entreprise, les managers algériens citent des domaines de compétences éminemment managériaux, loin devant les questions financières ou de production. Dans le but d'évaluer le marché de formation supérieure en management et construire son offre de formation, MDI-Alger a conduit un sondage auprès des managers algériens regroupés dans un échantillon de 112 managers. L'échantillon est constitué des managers qui ont suivi des formations de MDI-Alger dans ses différents cycles supérieurs en management. Le sondage a été réalisé en mai 2003. Cependant, les conclusions de cette étude restent toujours d'actualité. Dans l'échantillon, on y trouve aussi bien des cadres supérieurs de grandes entreprises que de PME, des entrepreneurs privés, en même temps que des cadres du secteur public, en proportion égale des P-DG, des responsables de filiales ou de divisions, des cadres centraux, des directeurs d'unité et des cadres à haut potentiel. Quelles sont les huit principales contraintes rencontrées par l'entreprise dans le développement de ses activités et l'accroissement de sa compétitivité ? Selon les managers, ce sont les ressources humaines (9,69%), les capacités marketing (9,44) et l'intensité de la compétition (7,47) qui constituent les contraintes majeures de l'entreprise algérienne, (la note 1 représente la plus faible intensité, et 10 la plus forte intensité). “Ces trois domaines arrivent en premier sur la liste des contraintes, loin devant la qualité des réseaux de distribution, l'amélioration de la technologie, les ressources financières et opportunités de marché”, relève l'étude de MDI-Business School d'Alger. Et cela, alors même que la disponibilité des ressources financières et l'organisation de la production sont connues pour être des goulots d'étranglement classiques pour l'entreprise algérienne. “C'est là une reconnaissance forte du besoin de renforcer les capacités managériales pour bâtir la compétitivité”, estime l'étude. “Sur le niveau d'efficacité des différentes fonctions de gestion de l'entreprise, la vision des managers de la situation des entreprises algériennes est parfaitement cohérente avec l'appréciation qu'ils ont de la situation de leur propre entreprise”, souligne MDI. Parmi les fonctions jugées les moins performantes de leur entreprise, les managers algériens citent des domaines de compétences éminemment managériaux, loin devant les questions financières ou de production : stratégie/pilotage, marketing et ressources humaines. C'est que face au besoin de faire appel aux compétences requises pour leur encadrement supérieur, les entreprises algériennes sont encore largement démunies. Seuls 5% des recrutements sont faits en faisant appel à des agences spécialisées : cabinets de recrutement, chasseurs de tête. Près de 60% des recrutements faits par les entreprises algériennes sont faits via le bouche à oreille ou par cooptation par la DG (cooptation de P-DG, 35%, annonce presse 36%, et bouche à oreille 24%). “Ainsi, non seulement les capacités managériales existantes dans les entreprises sont jugées insuffisantes, mais les possibilités de recrutement de compétences extérieures sont peu performantes”, commente le document. “Ce qui est regrettable, c'est que face au dépit de l'insuffisance relevée dans les capacités managériales dans les entreprises, le développement des compétences managériales par la formation est une solution qui n'est pas vraiment exploitée par les entreprises algériennes”, affirme l'étude. Près de 80% des managers sondés estiment que les formations existantes sont “épisodiques”, et seulement 21% d'entre eux estiment qu'ils ont dans leur entreprise des programmes de formations ad hoc. Les managers algériens critiquent sur le contenu des formations dispensées “Les managers algériens portent ainsi un regard très critique sur le contenu des formations dispensées et appellent ainsi à une amélioration qualitative des formations en management pour les cadres supérieurs”, relève l'enquête menée par MDI-Alger. Les managers interrogés sont 32% à estimer que le volume des formations dispensées est “largement insuffisant”. Ils sont 28% à estimer que ces formations sont “inadaptées”. Seuls 2% d'entre eux trouvent les formations existantes “suffisantes et adaptées”. Les domaines prioritaires pour la formation supérieure en management sont les ressources humaines, la gestion du changement, la stratégie et le marketing. Les ressources humaines et la gestion du changement sont plébiscitées par 100 managers interrogés sur les 112. La stratégie et le marketing sont cités par 92 d'entre eux. Les systèmes d'information ne recueillent les faveurs que de 28 managers. “On voit là se confirmer une nouvelle fois l'importance des aptitudes managériales “soft” et à caractère stratégique dans la vision de la compétitivité des managers algériens”, note le document. “Les managers algériens demandent une variété de programmes qui correspondent à ce qu'offrent habituellement les grandes business school”, relève le sondage de MDI-Alger. Les formations de type mastère of business administration (MBA) sont citées en premier par 38% des sondés. Ils sont 33% à citer des programmes ad hoc. Les séminaires spécialisés sur des thèmes spécifiques sont cités par 29% des sondés. Ils sont 104 managers — sur 112 — à souhaiter “maîtriser les aptitudes managériales les plus avancées”, pour poursuivre leur formation en management. “Obtenir un diplôme prestigieux” recueille les faveurs de 50 d'entre eux. Ce qui fait dire aux auteurs de l'enquête que “l'expression de besoins pour des formations avancées appelle à des formations innovantes de haut niveau et centrées sur le changement de posture qui ne pourront être mise en œuvre que dans des formules de coopération massives avec de grandes business school internationales”. Meziane Rabhi