La sortie nocturne effectuée dans la soirée d'avant-hier avec la gendarmerie de Boumerdès dans la commune de Boudouaou nous a permis de prendre connaissance des principales missions dévolues aux gendarmes chargés d'appliquer le dispositif exceptionnel mis en place par les services de sécurité durant ce mois de Ramadhan. Notre première escale fut le carrefour de Benrahmoune, surnommé par les gendarmes “la porte d'Alger”. Ce barrage fixe situé sur la RN5 est le plus important et le plus sensible. C'est par là que transitent, chaque jour, les milliers de véhicules venus de la Kabylie et de tout l'Est algérien. En plus des opérations de contrôle des véhicules, ce barrage constitue un rempart pour les quelques terroristes de katibat El Feth écumant encore les maquis de Bouzegza et Tidjellabine. De nombreux terroristes ont été éliminés ou capturés au niveau de cet endroit stratégique. Ce barrage est aussi redouté par les pilleurs de sable. Nombreux d'entre eux y ont été arrêtés et emprisonnés. Il est 22h30, la circulation est très dense. Des camionneurs, des bus, des véhicules légers continuent à se diriger, à cette heure-ci, vers la capitale. La circulation est légèrement moins consistante sur la voie inverse Alger-Tizi Ouzou-Annaba. Les deux gendarmes postés en milieu de la chaussée scrutent les véhicules un par un sous le regard bienveillant du chef de la compagnie de Boudouaou qui nous accompagne. Les gendarmes sont équipés du “Fennec”, un appareil nouveau et plus sophistiqué qui permet la détection rapide de toutes les armes ou autres explosifs. Les gendarmes font signe à un camion fourgon, immatriculé à Bouira, de “serrer à droite”. Alors que l'un des gendarmes effectue la fouille du véhicule, un autre est occupé à donner les signalements de l'identité de ses deux occupants au centre de contrôle d'identité. Au bout de dix minutes d'attente, la réponse est négative. Les deux occupants, soulagés, reprennent leur chemin en saluant poliment les gendarmes. Nous quittons le carrefour de Benrahmoune pour se rendre à Hlaïmia dans l'obscurité en raison des problèmes éternels qui continuent à affecter l'éclairage public. Hlaïmia, située sur une route qui mène vers la capitale, est cet immense bourg connu pour ses constructions illicites non achevées et ses larges trottoirs poussiéreux. La plupart de ces bâtisses hideuses disposent au rez-de-chaussée de grands garages munis de portails métalliques géants. Ils sont surtout utilisés pour le commerce en gros. C'est dans un garage comme celui-là que les gendarmes ont démantelé l'année dernière une grande usine de fabrication illégale de limonade. En raison de l'importance et la complexité du site traversé par de nombreux véhicules se dirigeant vers Alger, les gendarmes y ont installé deux barrages fixes. L'un est situé tout près d'un site de chalets, devenu, hélas, un bidonville géant. Le hic est que la plupart des résidants sont des commençants venus de plusieurs wilayas, comme l'attestent les dizaines de bus neufs et de camions de gros tonnage garés à l'entrée du site. Le commandant Khaled, qui vient de nous joindre, invite le gardien du parking à tenir un registre pour noter le mouvement de ces véhicules. À quelques mètres de là, on tombe sur une “mahchacha”, un petit abri de fortune utilisé surtout par des désœuvrés. Des jeunes qui passaient par là sont priés de dévoiler leur identité. Au niveau du deuxième barrage, une équipe de cynophiles a été déployée par les gendarmes. Elle ne manquera pas de coincer un jeune consommateur qui avait en sa possession cinq grammes de drogue. Le butin est maigre pour cette soirée. Mais la sortie a été édifiante. Ainsi, le un bilan de cette sortie, qui a touché également la localité de Corso, se résume en 178 contrôles d'identité et 98 contrôles de véhicules. Les gendarmes ont établi plus de 83 contraventions liées au non-respect du code la route, deux autres liées au transport, 14 concernent le défaut de registre du commerce et, bien sûr, la saisie de cinq grammes de drogue. Mais au-delà de ces opérations de contrôle, les gendarmes ont tenu à nous montrer quelques façades sur le fonctionnement et l'efficacité du dispositif de sécurité mis en place pendant ce mois de Ramadhan. M. T.