Certes, les indicateurs macroéconomiques sont au vert, comme le note le dernier rapport d'avril 2011 du FMI, notamment les réserves de change de plus de 155 milliards de dollars mais, comme le précise le même rapport dans le deuxième volet, cela n'est pas dû au génie des gouvernants algériens mais à un facteur externe : l'envolée des prix du pétrole. Certes, les indicateurs macroéconomiques sont au vert, comme le note le dernier rapport d'avril 2011 du FMI, notamment les réserves de change de plus de 155 milliards de dollars mais, comme le précise le même rapport dans le deuxième volet, cela n'est pas dû au génie des gouvernants algériens mais à un facteur externe : l'envolée des prix du pétrole. La croissance est artificielle car tirée par la dépense publique via les hydrocarbures et non pas par les entreprises créatrices de richesses permanentes. Pour éviter les réformes du régime, certains dirigeants arabes se réfugient derrière l'islamisme radical, le combat contre le terrorisme et invoquent la main de l'extérieur comme facteur de déstabilisation. Or ce sont des combats d'arrière- garde, les Occidentaux les ayant abandonnés malgré leur servitude, dans la politique n'existant pas de sentiments mais des intérêts, à l'instar des anciens dirigeants tunisiens, égyptiens et récemment des actuels dirigeants yéménites, syriens et libyens (pour ce dernier nous n'avons pas besoin de votre pétrole). Avec l'avènement d'Internet qui modèle l'opinion et l'entrée des sociétés civiles, ces discours ne portent plus, ce qui préfigure d'ailleurs une reconfiguration des nouvelles relations internationales prenant en compte les exigences de dignité et de liberté au niveau des populations du Sud. Certes, le danger extrémiste, source d'intolérance, est réel mais les grandes puissances ont fait comprendre aux dirigeants arabes (et à certains dirigeants d'Afrique) qui deviendront à terme de plus en plus minoritaires, se réfugiant derrière le statu quo par le frein à la démocratisation avec une répartition inégalitaire des richesses et la corruption d'une certaine caste, que leurs comportements favorisent le terrorisme et l'islamisme radical et qu'ils en sont en grande partie responsables. Ce n'est pas par philanthropie mais certes mus par des intérêts économiques et voulant éviter que des milliers de jeunes qui rêvent de s'enfuir vers les USA, le Canada et l'Europe viennent alourdir leur taux de chômage. Encore que l'exode de cerveaux massif des pays arabes et l'Afrique est souvent voulu par certain dirigeants, malgré certains discours de propagande à usage de consommation intérieure envers la diaspora alors qu'ils ne font presque rien pour retenir ce qui reste, vidant la substance de leurs pays. C'est que l'élite ne peut s'assimiler à un tube digestif mais aspire à conquérir des espaces de liberté par la participation à la gestion de la Cité. D'où cette seconde solution : privilégier une bonne gouvernance avec la revalorisation du savoir, ce qui suppose de profonds réaménagements politiques devant conduire à une transition démocratique, condition de l'efficacité gouvernementale. L'urgence d'approfondir la réforme globale en panne (du fait de rapports de force contradictoires au sommet du pouvoir qui se neutralisent, renvoyant au partage de la rente) doit reposer sur le travail et l'intelligence afin de redonner une lueur d'espoir, surtout à une jeunesse désabusée en conciliant l'efficacité économique par plus de rigueur budgétaire et de justice sociale. La réussite est avant tout non pas celle d'une femme ou d'un homme seul (une seule main comme dit l'adage ne saurait applaudir), mais celle d'une équipe compétente soudée (de véritables managers sachant autant gérer qu'être à l'écoute des populations) animée d'une profonde moralité avec une lettre de mission à exécuter dans les délais et des coûts internationaux les projets mis en œuvre. Car, la situation actuelle montre clairement (sauf à ceux qui font dans l'autosatisfaction et sont déconnectés des réalités sociales), une très forte démobilisation populaire due à ces signes extérieurs de richesses souvent non justifiées, la détérioration du niveau et du genre de vie de la majorité de la population malgré des réserves de change dépassant les 155 milliards de dollars US fin 2010 dues à des facteurs exogènes, n'étant pas signe de développement, grâce en grande partie aux hydrocarbures. Et comme le démontrent les moins de 2 % des exportations hors hydrocarbures entre 2006/2010, un taux de croissance relativement faible tiré essentiellement par les dépenses publiques en récession (plus de 5 % entre 2004/2005, 1,8 % en 2006¸ moins de 3 % en 2007 et inférieur à 4 % entre 2008/ 2010, non proportionnel aux dépenses monétaires, les 80% des segments hors hydrocarbures étant eux-mêmes tirés par la dépense publique, le programme de soutien à la relance économique étant passé de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 fin 2005, à 140 fin 2006 et allant vers 200 milliards de dollars fin 2009 et sur les 286 milliards de dollars programmé entre 2010/2014, 130 sont des restes à réaliser du programme 2004/2009 (mauvaise gestion, corruption, projets mal ciblés, etc.). Comme suite logique de la mauvaise gestion et de la corruption qui s'est socialisée avec certainement des fuites de capitaux importants, des tensions sociales que l'on essaie de tempérer à travers une redistribution désordonnée de la rente avec le risque d'une hyperinflation à terme, le taux de chômage officiel ne reflétant pas la réalité assistant à la dominance des emplois rentes pour une paix sociale fictive. L'actuelle politique conduira à terme à des tensions sociales inévitables La condition de l'amélioration sociale passe par un retour à la croissance hors hydrocarbures qui reste tributaire d'un certain nombre de conditions : - la réhabilitation de l'entreprise, la levée des contraintes d'investissement passant par la refonte urgente du système financier, fiscal, douanier, domanial (foncier) et une détermination plus grande par une vision plus cohérente de la réalisation du programme des réformes; - sur le plan sociopolitique déterminant, cela passe par une véritable décentralisation, la production d'une culture politique participative, une communication institutionnelle efficiente et l'élaboration d'un nouveau consensus social et politique (ce qui ne signifie aucunement unanimisme, signe de la décadence de toute société), permettant de dégager une majorité significative dans le corps social autour d'un véritable projet de société. L'Algérie doit réorienter sa politique socioéconomique, l'actuelle étant ruineuse pour le pays avec la dominance de la dépense publique dans les infrastructures (70%) souvent mal faites alors qu'elle n'est qu'un moyen du développement et des rentes aux dépens du travail. Il s'agit d'assurer un minimum de cohésion sociale tant spatiale qu'entre les catégories socioprofessionnelles (cette injustice qui devient criante, un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre) et s'adapter aux enjeux de la mondialisation, l'espace euro-méditerranéen et arabo-africain étant notre espace naturel, surtout que la crise mondiale actuelle préfigure d'un bouleversement géostratégique et économique. Cette adaptation est inséparable d'un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle, du respect des droits de l'homme, de la promotion de la condition féminine. L'Algérie a toutes les potentialités pour devenir un pays pivot, conditionné par plus de réformes maîtrisées, pour une dynamisation de la production et des exportations hors hydrocarbures. C'est que les observateurs neutres tant nationaux qu'internationaux tendent vers ce constat : le système algérien est bloqué, avec une concentration excessive du revenu au profit d'une minorité rentière, que l'on voile par de l'activisme et des dépenses monétaires sans se préoccuper des impacts car aucun bilan réel n'a été fait à ce jour. On a l'impression que le pouvoir actuel, face aux bouleversements mondiaux et aux tensions qui touchent tous les secteurs en même temps, est tétanisé et en panne d'imagination. (Suite et fin) Pr A. Mebtoul