La maison de la culture Rachid Mimouni de Boumerdès abrite, depuis le 21 de ce mois et ce jusqu'au 24, la deuxième Oqadia de la poésie populaire. La maison de la culture Rachid Mimouni de Boumerdès abrite, depuis le 21 de ce mois et ce jusqu'au 24, la deuxième Oqadia de la poésie populaire. Heureuse coïncidence, elle se déroule en parallèle avec la commémoration du mois du patrimoine. Ainsi, plus d'une trentaine de poètes de tous le pays se relaient sur la tribune pour clamer des vers dont le moins qu'on puisse dire ont gagné en verve. Est-ce l'influence des changements et des bouleversements qui secouent le monde arabe ? Certainement. Organisé par la ligue maghrébine de la culture populaire que préside l'Algérien Oulmane, cette manifestation culturelle se distingue déjà par le défi relevé de mettre en évidence une partie importante du patrimoine immatériel. Les objectifs de cette rencontre sont clairement annoncés : faire connaître au public scolaire l'héritage culturel national oral, création d'un espace d'échanges entre les poètes, promotion du patrimoine immatériel, encouragement de la recherche dans ce domaine et ancrage de l'identité nationale à travers la poésie arabe et amazighe. La cérémonie inaugurale a été rehaussée par la prestation du véritable soprano de la troupe folklorique «El Mahfoudhia» dont les Ayalilis ont remporté une dizaine de médailles dans des manifestations arabes. Devant les autorités locales et un public intéressé, l'insigne honneur d'ouvrir la «Halqa» a été laissé aux soins du prince de la spécialité, le poète Ahmed Bouziane, qui a été loin de décevoir en annonçant d'emblée qu'il allait casser des tabous. Chose promise, chose faite puisque d'une manière nette le poème «ma zelt s'ghir» (tu es encore jeune) va représenter un dialogue entre une femme fatale et son amoureux dépité pour déborder sur le politique. La symbolique de la femme avec la mère patrie est évidente. Les dernières strophes aborderont carrément les problèmes de la jeunesse face à une chape de plomb. Tanguant entre prose et poésie, cette qçida paraîtra incessamment dans la presse nationale avant d'être éditée. Le poète Ahmed Ziri de Tissemsilt ne sera pas en reste puisqu'il poursuivra la quête du poète à travers l'image de «l'oiseau» survolant d'un regard critique le monde arabe. Mais le clou du spectacle fut sans doute la révélation d'un nouveau talent venant de Mostaganem, fief du père spirituel de la poésie populaire au Maghreb, Si Lakhdar Benkhelouf. Khaled Chaalane, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a innové en puisant un nouveau rythme dans les 1500 mesures de la qafia pour écrire un poème métaphorique sur la perte des valeurs humaines qui font l'authenticité de notre société. Magiques furent les moments de sa déclamation au point que certains spécialistes présents ont cru que c'était un poème de Benkhelouf ou de Ben m'saib que le poète avait retrouvé. Khaled Chaalane nous expliquera qu'il a fait une recherche sur le patrimoine poétique populaire durant trente années et qu'avec des universitaires de Mostaganem, il se livre à une revalorisation de la diversité langagière. Il relèvera également que pour l'instant il n'y a qu'une infime partie qui est exploitée au niveau des mesures, El Aachari (le dizième). Il a surtout retravaillé la structure en faisant appel à un rythme et à une rime jusque-là délaissés. A souligner que les poétesses ont été également représentées par Souaad Belkenater de Tizi Ouzou qui a composé un poème en tamazight et Mesbahi Nacéra de Skikda qui n'a pas démérité avec une qaçida sur le désenchantement née de l'émigration et la valeur spirituelle du ressourcement. Sadek