Israël et le Hamas mettaient hier la dernière main aux préparatifs d'un échange sans précédent prévu mardi du jeune soldat israélien Gilad Shalit, détenu à Ghaza depuis plus de cinq ans, contre un premier groupe de 477 Palestiniens. Les deux parties ont publié simultanément la liste des prisonniers palestiniens, dont 27 femmes, qui vont être relâchés. Un second groupe de 550 détenus palestiniens doit être libéré dans les deux mois, aux termes d'un accord signé mardi entre Israël et le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza. En relâchant 1 027 détenus, Israël a consenti à payer le prix proportionnellement le plus élevé pour récupérer un seul de ses soldats. En mai 1985, l'Etat hébreu avait élargi 1 150 Palestiniens contre trois militaires. Le négociateur israélien David Meidan se trouvait dimanche au Caire pour régler les derniers détails de l'échange, ont précisé les médias israéliens. Un haut responsable du ministère de la Défense, Amos Gilad, a assuré que «l'accord est définitif et qu'aucun changement ne sera accepté», faisant allusion au sort de huit prisonnières palestiniennes non comprises dans la liste. Selon le directeur du Conseil de sécurité nationale, le général Yaakov Amidror, «tout devrait se passer comme prévu, sauf si la Cour suprême intervient ou si quelqu'un se livre à des provocations à Gaza». 25 femmes autorisées à retourner dans leur foyer à Ghaza La publication de la liste des prisonniers libérables va permettre à des particuliers ou à des associations de familles de victimes d'attentats de faire appel devant la Cour suprême israélienne. Plusieurs appels ont d'ailleurs déjà été déposés depuis vendredi. La plus haute instance judiciaire d'Israël n'a encore jamais remis en cause un accord d'échange de prisonniers conclu par le gouvernement. Sur les 477 prisonniers qui vont être élargis, 131 seront autorisés à retourner chez eux dans la bande de Gaza et sur les 110 qui pourront regagner leurs foyers en Cisjordanie, la moitié seront soumis à des restrictions de mouvement. En revanche, 203 Palestiniens de Cisjordanie seront bannis, dont 145 vers la bande de Ghaza et 40 vers l'étranger. Dix-huit autres auront obligation de séjourner pendant trois ans à Gaza. Six Arabes israéliens vont pouvoir retrouver leurs familles, tandis que 25 femmes seront autorisées à retourner dans leur foyer à Gaza, en Cisjordanie ou à Jérusalem. Les deux dernières femmes seront transférées en Jordanie et à Gaza, selon le ministère de la Justice. Pas de «célébration prématurée» de la libération de Gilad Shahit Le président Shimon Pérès a reçu samedi soir les dossiers de certains prisonniers palestiniens auxquels il doit accorder sa grâce dans le cadre de l'accord d'échange. Selon la radio militaire, l'administration pénitentiaire israélienne a commencé à regrouper hier, dimanche, la majorité des détenus palestiniens dans la prison de Ketziot (sud d'Israël). Les femmes ont été transférées dimanche matin dans la prison de Hasharon, au nord de Tel-Aviv pour y subir un contrôle d'identité et des examens médicaux. Selon la radio, Gilad Shalit, 25 ans, et également de nationalité française, sera transféré après sa libération de la bande de Gaza, où il est enfermé au secret depuis juin 2006, vers l'Egypte puis ramené en Israël par hélicoptère. Il devrait atterrir sur la base de l'armée de l'air de Tel Nof (sud d'Israël), où l'accueilleront ses parents Noam et Aviva, ainsi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef d'état-major le général Benny Gantz. Les journalistes ne seront pas autorisés sur la base. Puis Gilad Shalit — qui sera automatiquement reconnu comme victime de stress post-traumatique — sera transporté chez lui à Mitzpe Hila, localité de Haute Galilée (nord). Le père du jeune homme a mis en garde contre toute célébration prématurée en soulignant que «ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini».