La Journée mondiale de lutte contre le sida correspondant au 1er décembre de chaque année, a été l'occasion pour les artistes algériens de se démarquer à travers un événement musical incontournable. Pour la deuxième année consécutive et sous le slogan «Sida : l'ignorance tue», ce spectacle organisé par la Chaîne III de la radio algérienne, en collaboration avec l'ONCI, ainsi que des associations œuvrant sur le terrain, a enregistré un afflux important du public. La salle El Mouggar a vibré, jeudi dernier, aux sons des chanteurs, slamers, rappeurs et autres artistes présents, dans la perspective de briser les tabous qui entourent un fléau encore méconnu par une société peu clémente envers ces malades longtemps marginalisés. Plusieurs artistes ont répondu présent avec des œuvres créées spécialement pour le concert caritatif, dont l'objet est de prévenir la jeunesse algérienne contre le sida. Une pathologie qui, faut-il le rappeler, tue chaque année des centaines de vies humaines. Le spectacle très varié a débuté avec le titre de Sa3â Fi Z'mane composé par le groupe Freeklane, le rappeur Sido et le chanteur Ayoub Medjahed, une chanson bien accueillie par les spectateurs. La slameuse oranaise Sanâa s'est, quant à elle, distinguée par une prestation digne des plus grands slamers. Quant à la partie humour, le sémillant Abderahmane Kilardj a laissé place au rire dans un cadre éducatif. En marge du spectacle, des dépliants étaient donnés aux personnes présentes pour faire circuler l'information et des préservatifs offerts à titre préventif. Parmi l'audience, beaucoup de jeunes étaient présents, venus seuls, en famille ou en groupe, pour apporter leur «petite brique» à la lutte contre ce fléau ou tout simplement se divertir. Pour Yorane Amine Chikhi, étudiant en biologie à l'USTHB, l'organisation de ce concert est «très intéressante, puisque notre jeunesse constitue la catégorie la plus vulnérable». Amine Chikhi ajoutera que «cette maladie est considérée comme taboue dans notre société, ce genre d'initiative devrait être organisé durant toute l'année». Il a saisi l'occasion pour interpeller les responsables quant au rôle des étudiants dans la résolution de cette pathologie. «En tant que jeunes, notre vie est rythmée par l'alcool, la drogue, l'activité sexuelle, le sport et la religion. Malheureusement, notre jeunesse ne voit que le côté négatif des choses». a précisé ce jeune, qui pour y mettre un terme a préconisé un retour à la religion et une meilleure prise de conscience d'un mal qui ne cesse d'étendre ses tentacules. A ce titre, un spectateur, âgé de 28 ans, qui a requis l'anonymat, nous a confié : «Je n'utilise pas de préservatif et je n'ai jamais fait de dépistage.» Pour lui, cet évènement lui a fait prendre «conscience de ce mal et dès que j'aurai la possibilité, je ferais ce test».