Organisé les 2 et 3 juillet derniers au Théâtre de verdure du complexe culturel Laadi-Flici par la station de radio Chaîne III, en partenariat avec l'Etablissement arts et culture, le festival Serial-Taggeur (également titre d'une émission radiophonique diffusée sur les ondes de la III du dimanche au mercredi), a réuni un grand nombre de jeunes artistes et groupes représentant la Nouvelle scène algérienne. Parmi eux, le phénomène Caméléon, les excellents Smoke, les rappeurs de Wahran fel micro (WFM), les incontournables El-Dey, et la jeune formation Freeklane. Le niveau variait; certains ont confirmé leur talent et d'autres ont montré qu'ils avaient encore du chemin à parcourir. Mais il faudrait signaler que la sono n'a pas vraiment avantagé les artistes, dont les voix étaient totalement étouffées par les instruments. Cependant, le talent ne suffit pas, et la scène est l'épreuve la plus dure. Car c'est facile de chanter en studio, mais, face au public, le chanteur est seul et il doit convaincre, séduire, satisfaire…il doit être tout à la fois. Lors de la première soirée, le groupe gnawi Freeklane a retenu l'attention et a chauffé les spectateurs avec ses titres (disponibles sur YouTube), notamment “Lalla Mir”, “Houria” et “Bent E'Soltane”. Une bonne prestation somme toute qui a fait danser le public mais qui n'avait, hélas, rien d'original, puisqu'il n'y avait pas le petit grain de folie qu'on cherche chez un artiste. Pour les surprises et les découvertes, il a fallu attendre la deuxième soirée, qui a été marquée par la prestation du groupe Smoke de Constantine. Menée par son chanteur charismatique Walid Bouzid –une véritable bête de scène- la formation, qui marie le rock au blues, a fait une excellente prestation, avec un son qui “déchire”, une voix qui “tue”, et deux choristes qui ont vraiment du coffre (elles ont interprété en duo “Respect”, d'Aretha Franklin). Smoke semble avoir un véritable projet musical et a apporté de la couleur et de la puissance à l'interprétation. Comme d'habitude, Caméléon a déchaîné la foule. Ils ont repris les titres de leur premier album éponyme, notamment “El Bir Sghir”, “Telâabha” ou encore “Li Leh” (reprise en chœur par le public). Par ailleurs, il y a lieu de noter que la Nouvelle scène algérienne est dans une expression plurielle. Une sorte d'éclectisme, mais qui nous renvoie à chaque fois à deux artistes : Amazigh Kateb, de Gnawa Diffusion, et Cheikh Sidi Bémol. Ils sont fortement influencés et semblent ne point arriver à s'y détacher, à s'en défaire. Il serait sympathique d'encourager la Nouvelle scène en disant qu'il y a de la diversité (des sons et des styles), mais ce serait ne pas lui rendre service, car on écoute et réécoute à l'infini les mêmes sons, la même manière de chanter. On ne fait pas de la musique à partir de rien. Ex-nihilo ! On a toujours une base, et la musique algérienne et celle du Maghreb est riche et méconnue. La Nouvelle scène a donc du pain sur la planche, surtout si elle veut que son passage ne soit pas qu'un feu de paille.